La gestion des collections muséales et leur valorisation

En vue d’une visite de l’envers du décor du Palais des Beaux-arts de Lille, nous avons analysé deux concepts bien distincts : la gestion d’œuvres muséales et leur valorisation. Quelle est la politique d’acquisition des conservateurs du musée ? Quelles normes de conservation existe-t-il ? Que mettent-ils en place pour valoriser ces œuvres ? Nous tenterons ici d’y répondre avec les informations à notre disposition.

Pour en découvrir plus sur le musée, nous vous conseillons la lecture de notre article qui lui est entièrement dédié.

Gestion des œuvres

L’acquisition de nouvelles œuvres:

Le musée ne possède pas une politique d’acquisition très poussée pour le moment. En effet, à part l’achat d’un triptyque de Léon Frédéric et deux céramiques de Lille, le musée des Beaux-arts n’a dernièrement augmenté ses collections que par des cadeaux de généreux donateurs [1].

La conservation des œuvres d’arts :

Le métier de conservateurs a fort varié depuis l’avènement de l’ère numérique que nous traversons depuis quelques années déjà. De simple gardien des œuvres, ce métier s’est étendu au rôle de promoteur de l’art et de la culture abrités dans leur musée, par le biais d’expositions, de publicités, etc. [2]

Pourtant sa mission première est toujours la même : préserver les pièces muséales dans les meilleures conditions possibles. Les grands principes de base de conservation sont très similaires entre les livres, les peintures, les statues et autres œuvres [3].

Les deux principaux paramètres à tenir en compte sont la température et l’hygrométrie, c’est-à-dire la quantité d’humidité dans l’air. La température idéale pour un tableau est comprise entre 18 – 20°C et de 50 à 60% d’humidité pour l’hygrométrie. Trop peu d’humidité et trop de chaleur risque de provoquer la dessiccation, le dessèchement des matériaux (notamment le papier et le bois). Au contraire, un trop haut taux d’humidité risque le gonflement des matériaux et de favoriser l’apparition de moisissures. 

L’air ambiant peut aussi poser des problèmes. En effet, les villes sont de plus en plus polluées et cette pollution n’est pas sans effets sur les statues, bâtiments, peintures, etc. Il faut donc à tout prix éviter qu’un air mauvais pour la conservation des œuvres se trouve dans les collections sans avoir été filtré avant et débarrassé de tout acide, poussière, sable, etc.

Les vibrations et ondes sonores représentent également un danger pour une collection d’œuvres d’arts. Elles peuvent être générée par la présence d’une route très fréquentée, d’une usine ou la proximité d’un ascenseur dans le bâtiment, par exemple. Afin d’éviter cela, il vaut mieux isoler le bâtiment abritant les œuvres ou trouver un emplacement pour le musée dans une zone calme.

Une nuisance universelle à n’importe n’importe quelle œuvre est la présence de lumière. L’exposition prolongée aux ultraviolet entraîne la décoloration de pigment ou l’altération des matériaux. Les tableaux étaient autrefois exposés à l’abri de la lumière du soleil, éclairés uniquement par des bougies qui n’éclairent pas assez que pour causer des dégâts aux tableaux. Il existe aujourd’hui certains types de lampes artificielles émettant moins de radiations ultraviolet et les rayons infrarouges. [2]

D’autres nuisances existent, comme les insectes, la configuration du bâtiment, les rongeurs, etc. Pour plus d’information, nous vous conseillons de vous rendre sur un fichier de l’UNESCO sur la gestion des musées [4].

Catalogage

L’aspect d’un musée à ne pas oublier est son catalogue. Sans lui, il ne serait pas possible de gérer efficacement les pièces d’un musée, que ce soit pour leur donner une place, pour les retrouver au sein du musée ou savoir ce que le musée possède.

Lors de l’arrivée d’une nouvelle pièce au musée, la première chose à faire est de « lui attribuer un numéro d’inventaire, inscrire le numéro sur l’objet, à inscrire l’objet dans le registre d’inventaire et à lui attribuer un emplacement permanent dans le musée [5]. » Une fois que cela a été fait, on inscrit l’objet dans le catalogue. Pour cataloguer un objet dans une collections de façon informatique, il faut respecter certaines règles, comme l’usage de termes les plus appropriés possible. Pour cela, l’utilisation de « Joconde« , créer par le ministère de la Culture et de la communication (France), et qui reprend l’ensemble des termes déjà utilisés par les musées affiliés aux services des musées de France. Cela permet de pouvoir garder un même termes pour l’ensemble des musées et de permettre de retrouver plus facilement un objet et de ne pas l’égarer au sein des collections. On peut le comparer au système Blanc-Montmayeur pour les bibliothèques.

Exemple de notice catalographique d’une pièce de musée

Le site de L’UNESCO explique que « la saisie des données sur les fiches de catalogue peut se faire à la main ou par ordinateur, selon le degré de qualification et les moyens dont dispose chaque musée. L’enregistrement manuel le plus efficace consiste à préparer des fiches ou des bordereaux d’entrée dont les champs correspondent à ceux du tableau (ci-contre). […] Il doit aussi réaliser un index des rubriques les plus utiles et les plus souvent consultées (Localisation, Nom de l’objet, Créateur, Période/Date de création, Lieu de collecte) [6]. »

Les noms de logiciels de catalogage spécifiques aux musées n’étant pas particulièrement mise en avant par les musée. Nous n’avons donc pu trouvé que celui de l’Institut royale des Sciences naturelles de Belgique, sur sa page d’offre de stage, qui nous mentionne l’utilisation du SGBD Alma (Exilbris).

Nous avons cependant pu trouver certains codes primaires nécessaires pour le catalogage d’objets en Angleterre nommé SPECTRUM [7].

La valorisation

Quand on parle de valorisation d’œuvres d’art dans un musée, on pense généralement aux tableaux et statues que l’on expose dans les galeries. Certes, c’est probablement là que le public les verra le plus souvent, mais pas uniquement. Comme les bibliothèques et les médiathèques, les musées doivent attirer les visiteurs et/ou renouveler leur intérêt pour les collections disponibles. C’est en effet un pan essentiel à la survie de ce secteur de la culture qui doit donc évoluer avec son époque pour attirer les foules, constat que faisait déjà J. Le Marec dans un article en 1997 [8]. Cela  passe par une mise en avant avantageuse de ces collections. Et ça le Palais des Beaux-arts l’a bien compris.

Buste de Charles de Wailly
Buste de la galerie numérique du XIXe siècle

Les visites guidées à thèmes et par type de public (avec ou sans atelier), des expositions temporelles, des ateliers pour les étudiants en art, des projets de numérisation pour présenter les collections sont ce qui prend le plus de place sur le site internet [9].

Ces galeries numériques sont organisées par thèmes : plans-reliefs, sculptures XIXe-XXe siècles, céramiques et bien d’autres encore [10]. Chaque œuvre est alors détaillée avec un titre, les dimensions, le numéro d’inventaire, le ou les artistes, l’époque et un aspect historique et culturel autour de cette pièce.

La valorisation recouvre donc un large panel de domaines, tels que l’animation ou encore l’informatique, ce qui implique d’autres métiers que ceux de conservateur de musée, historien ou chercheur en art. On peut alors se demander : que devient la place du professionnel de l’information et de la documentation dans tout cela ?

Si nous prenons l’exemple d’une exposition, l’ouvrage Concevoir et réaliser une exposition nous démontre à lui seul la quantité de tâches et de professions  que recouvre un tel projet [11]. Le commissaire chargé de choisir les œuvres à exposer ; le scénographe qui doit imaginer l’espace d’exposition ; le graphiste qui doit arranger tous les contenus visuels (textes explicatifs et illustration). Qui de mieux placé qu’un professionnel de « l’info-doc » pour gérer ce projet, lui qui a été former (entre autres) à cela ? Qu’il s’agisse de chapeauter le projet ou faire des recherches pour les différents intervenants énoncés, ses compétences seront plus que nécessaires à plusieurs niveaux.

Cependant, comme vu ci-dessus, il faut faire attention aux conditions de préservation de chaque œuvre. Conditions à respecter au mieux lors d’une activité ou exposition afin de pas les endommager irrémédiablement. Ceci donne donc un certain nombre de paramètres en plus auxquels notre gestionnaire de projet devra faire attention lors de la programmation et la mise en place de l’activité de valorisation.

La gestion d’un projet c’est bien, mais faut-il encore penser à en communiquer l’événement, et ce bien que ce projet soit prêt. La communication entre les différents intervenants de la construction du projet est également nécessaire et fait appel à des méthodes professionnelles. Que ce soit pour transmettre un message efficacement entre collègue ou persuader des partenaires. Ce sont là encore des compétences acquises par le professionnel de « l’info-doc ». La plupart des musées on une section marketing ou un chargé de communication transmettre  l’événement de manière efficace aux publics cibles des projets concernés.

Toutes les questions que nous nous sommes n’ont pas trouvé de réponse et de nouvelles interrogations sont survenues suite à nos recherches. Lors de notre visite, nous ne manquerons pas de les poser : quelle est leur politique d’acquisition ? Quels outils documentaires utilisent-ils pour gérer leur fonds muséal ? Quelles normes respectent-ils pour le catalogage ? En quoi consiste leur regroupement régional des Amis des Musées de Lille (avec la Fédération Française des Sociétés d’amis de Musées) ?

DELAHAUT Camille, JANS Julie, ERNOULD Robin, BROGNIEZ Laure


Bibliographie

[1] PALAIS DES BEAUX-ARTS DE LILLE / VILLE DE LILLE. Palais des Beaux-arts de Lille [en ligne]. Mise à jour en 2017 [consulté le 18 avril 2017]. Disponible sur le Web: <http://www.pba-lille.fr>

[2] HOURS, Madeleine. Analyse scientifique et Conservations des Peintures. Fribourg [Suisse] : Office de Livre, 1976, p. 101-122. ISBN 2-85109-005-4

[3] HERREMAN, Yani. « Présentations, œuvres et expositions » [en ligne]. In Comment gérer un musée : manuel pratique. Paris : UNESCO, 2006 [consulté le 15 mai 2017], p.91-104. Disponible sur le Web : <http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001478/147854f.pdf>

[4] MICHALSKI, Stefan. « Préservation des collections » [en ligne]. In Comment gérer un musée : manuel pratique. Paris : UNESCO, 2006 [consulté le 18 avril 2017], p.51-90. Disponible sur le Web : <http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001478/147854f.pdf>

[5] AMBOUROUÈ AVARO, Anne et GUICHEN, Gaël de. La documentation ds collections de musées: Pourquoi? Comment? : guide pratique [en ligne]. Paris : UNESCO, s.d. [consulté le 20 mai 2017]. Disponible sur le Web : <http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001862/186234F.pdf>

[6] ROBERTS, Andrew. « Inventaires et documentation » [en ligne]. In Comment gérer un musée : manuel pratique. Paris : UNESCO, 2006 [consulté le 20 mai 2017], p.31 – 50. Disponible sur le Web : <http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001478/147854f.pdf

[7] McKENNA, Gordon et PATSATZI, Efthymia. SPECTRUM : The UK Museum Documentation Standard [en ligne]. Cambridge : MDA, 2007 [consulté le 21 mai 2017]. Disponible sur le Web : <http://www.museumswesen.smwk.sachsen.de/download/spectrum-3-1.pdf>

[8] LE MAREC, Joëlle. « Le musée et la bibliothèque, vrais parents ou faux amis ? » [en ligne]. In Bulletin des bibliothèques de France (BBF). 1 septembre 1997 [consulté le 15 mai 2017], n° 5, p. 94-95. Disponible sur le Web : <http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1997-05-0094-010>. ISSN 1292-8399

[9] PALAIS DES BEAUX-ARTS DE LILLE / VILLE DE LILLE. « Visiter » [en ligne]. In Palais des Beaux-Arts de Lille. Mise à jour en 2017 [consulté le 15 mai 2017]. Disponible sur le Web : <http://www.pba-lille.fr/Visiter>

[10] PALAIS DES BEAUX-ARTS DE LILLE / VILLE DE LILLE. « Collections » [en ligne]. In Palais des Beaux-Arts de Lille. Mise à jour en 2017 [consulté le 15 mai 2017]. Disponible sur le Web : <http://www.pba-lille.fr/Collections>

[11] BENAITEAU, Carole, BENAITEAU, Marion, BERTHON, Olivia et al. Concevoir et réaliser une exposition : les métiers, les méthodes. Paris : Eyrolles, 2012. 175 p. ISBN : 978-2-212-13202-1