La visite de l’Openbare Bibliotheek van Amsterdam

Entrée de l’OBA

(copyright L. Versaen, 2022)

OBA… une institution au centre de la vie amstellodamoise !

L’Openbare Bibliotheek van Amsterdam (OBA) est située dans le centre d’Amsterdam, à cinq minutes de marche de la gare centrale. Dans le cadre du voyage d’étude de cas en STIC, nous nous y sommes rendus le mercredi 20 avril à 9 heures. 

Répartis sur 7 étages, les 28 000 mètres carrés de la bibliothèque proposent, outre des collections importantes et variées – près d’1,5 million de documents -, des espaces ludiques, de réflexion, de détente, afin d’inviter l’usager à demeurer à la bibliothèque le plus longtemps possible. En cela, l’OBA est un modèle de référence de troisième lieu. [1]

La preuve en est, deux millions de visiteurs annuels passent gratuitement les portes entre 10 et 22 heures de cette attraction incontournable de la ville. Non seulement la richesse de ses fonds, mais le design, la vocation écologique et la vue imprenable sur Amsterdam fondent l’identité culturelle de l’OBA. [2] [3]

Les 25 kilomètres de rayonnage offrent une gamme de supports allant des monographies aux jeux vidéo, en passant par des DVD et Blu-ray, des CD, des magazines, pour tous les âges. Des expositions et des collections particulières complètent l’arsenal. Les salles d’études, les fauteuils disséminés et les coins lectures comptabilisent un millier de places assises, tandis que le réseau Internet connecte quatre centaines d’ordinateurs.   

Durant la visite, nous nous sommes penchés sur la nature des collections spécifiques hébergées par l’institution et la manière dont elles sont valorisées, en lien, avec notre article à propos des collections spécialisées pour les publics spécifiques en bibliothèque publiques en Belgique et aux Pays-Bas.



Aperçu de l’espace jeunesse (à gauche et ci-dessus)

LES COLLECTIONS SPÉCIALES DE L’OBA

On peut trouver des collections spéciales dans la bibliothèque. Notamment, plusieurs fonds en lien avec un pays : un fonds sur des ouvrages provenant d’Afrique (Afro Bib), de Pologne, de Chine, etc.

Une collection en français de 10 000 ouvrages, propose des ouvrages de fiction et non-fiction. Elle est complétée par des cours de français organisés en partenariat avec l’Alliance française.

Pour les publics malvoyants, un rayon est dédié aux audios books. Quant aux livres en grands caractères, ils sont disponibles sur demande, étant entreposés au sous-sol.

Les usagers en apprentissage de la langue néerlandaise peuvent participer à des groupes de lecture et à des activités et formations diverses à vocation éducative ajoutant une plus-value aux ouvrages en néerlandais simplifié proposés. 

Les collections adaptées aux apprenants de la langue française et aux personnes possédant des déficiences visuelles, en Belgique, offrent de semblables services qu’aux Pays-Bas. La différence notable est dans l’étendue de ces fonds, explicable encore une fois par les budgets conséquents.

L’OBA est aussi marquée par la présence d’Ihlia, une association LGBT. L’Ihlia LGBT Heritage est un centre d’archives international sur la thématique LGBT. L’association collabore avec la Maison Anna Blaman, depuis les années 90, à la suite du tournant LGBT de celle-ci. 

Basée au troisième étage, l’association met ses collections de 100 000 titres à disposition. Celles-ci englobent monographies, magazines, articles, séries télévisées, films, documentaires, thèses, publicités, affiches. L’ensemble n’est pas présenté au public puisqu’une grande partie du fonds est conservée au sous-sol de la bibliothèque. Il est évidemment possible de recueillir le matériel désiré par simple demande auprès du personnel.

Les ouvrages sont rangés dans les rayons avec sur le dos une gommette de couleur arc-en-ciel à laquelle on fait correspondre une sexualité ou un genre. En face des collections, un espace est destiné aux expositions concernant la thématique LGBT +. Elles sont présentées sous forme d’affiches et de photographies commentées. 

Quand nous mettons les espaces réservés aux publics LGBT + en perspective avec ceux en Belgique, nous remarquons que la politique néerlandaise est davantage développée. En Belgique, la tendance est nouvelle et seulement une minorité de bibliothèques possède, pour l’instant, un rayon dédié aux LGBT +. D’ailleurs, lorsque nous recherchons de la littérature professionnelle couvrant la thématique, les cas extérieurs à la Belgique sont majoritairement présentés par rapport aux projets des bibliothèques francophones belges, cela démontre le peu de projet (actuellement) en lien avec la thématique LGBT+.

Des associations LGBT+ existent en Belgique et proposent des animations en partenariat avec des bibliothèques publiques. Certaines associations possèdent leur propre fonds documentaire. La démarcation entre les deux pays se fait par l’étendue de l’influence de ces fonds. Pour le grand public belge, cela reste encore assez méconnu. 

Nous observons que les Pays-Bas accordent une place de choix aux publics minoritaires étant donné l’étendue des collections et expositions spéciales. De par l’ampleur de cela, le grand public côtoie les différences et se fait plus tolérant, car il comprend l’autre. En Belgique, l’impact semble pour le l’instant moindre. Souvent, le fonds se limite à quelques rayons et animations dans les limites des budgets.

OBA, UN TROISIEME LIEU

Le personnel nous a mentionné que la bibliothèque est pensée de sorte à ce que l’usager, après avoir déniché son livre, ne s’en aille pas. Il fallait que la bibliothèque dépasse sa vocation traditionnelle : la transmission d’informations. Son rôle principal est de connecter les gens.

C’est pourquoi la majeure partie des collections sont au sous-sol – en accès indirect. L’espace alors libéré de ses rayonnages, permet la conception de salles et salons de lecture. Des étagères et rayonnages aérés, de la moquette, des éclairages soignés… L’ensemble procure une sensation de bien-être. Cette vision matérialise la définition de troisième lieu, où l’usager se sent à l’aise et désireux de rester.

On trouve également dans le bâtiment une grande salle de spectacle. Il s’agit d’une grande salle où ont lieu de nombreux événements de tous genres. Le programme propose tous les jours de la semaine des activités assez variées telles que des concerts, des pièces de théâtre, des projections de films, etc. Cette salle dispose de 260 sièges et les tarifs des évènements sont aux environs de 10 euros. Durant la crise sanitaire, étant donné que les lieux culturels réunissant de nombreuses personnes étaient fermés au public, un système de captation vidéo et de diffusion en streaming a été mis en place pour le public.

L’OBA dispose également d’un café et d’une cantine avec terrasse. Il peut arriver que certaines personnes viennent juste pour se restaurer ou boire un café.

La création durable de communautés se fonde également sur la tolérance et donc sur la connaissance. C’est pourquoi de nombreuses expositions et collections éclairent sur l’identité de personnes différentes d’un point de vue normatif ou géographique, renforçant le côté accueillant de l’OBA.

En comparaison et sur base de nos observations, la plupart des bibliothèques en Belgique francophone, semblent encore fort/trop penchées sur le rôle de transmission de savoir. Nous ne pensons pas qu’il faille s’en détacher, mais la définition de chacun du tiers-lieu/troisième lieu en trouble les caractéristiques, et il est alors difficile de répondre aux exigences d’un troisième lieu.

La transition a pourtant démarré et ne cesse d’évoluer, tandis que les Pays-Bas offrent sur ce plan une image d’évolution en réponse aux nouveaux enjeux des bibliothèques. Sans doute les budgets alloués n’y sont pas étrangers et en Belgique francophone, même si les bibliothèques publiques souhaitent améliorer leurs services, l’évolution est encore trop souvent bloquée par le manque de place et d’argent. 

Sans doute faut-il aussi renforcer la communication à propos des bibliothèques et de leur rôle ? L’OBA nous a en effet expliqué que pour leurs usagers, « OBA » est devenu un « nom » à part entière, et le mot « bibliothèque » n’est d’ailleurs plus utilisé. Si les publics belges pensent qu’une bibliothèque est un lieu où sont entreposés des livres, aux Pays-Bas, les usagers vont à l’OBA, qui est un lieu de rencontre, un centre social, certes, des livres y sont empruntés, mais l’institution devient un lieu de rassemblement.

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Bibliographie :

[1] La plus grande bibliothèque d’Europe à Amsterdam. Dans : Amsterdam [en ligne]. 2 novembre 2015. [Consulté le 9 mai 2022]. Disponible à l’adresse : https://www.visiter-amsterdam.com/grande-bibliotheque-amsterdam/

[2] L’Openbare Bibliotheek Van Amsterdam. [Consulté le 9 mai 2022]. Disponible à l’adresse : http://www.abf.asso.fr/fichiers/file/PACA/OBA.pdf

[3] Bibliothèque d’Amsterdam – Point de vue. Dans : Amsterdam.org [en ligne]. [Consulté le 9 mai 2022]. Disponible à l’adresse : https://amsterdam.org/fr/point-de-vue/9618/bibliotheque-d-amsterdam.html

[4] Notes personnelles de Kevin Mathieu. Compte rendu de la visite de l’OBA.