Compte rendu de la visite « The National Archives of Ireland »

Ce mardi vingt-quatre avril, nous avons eu l’honneur de visiter l’imposant bâtiment renfermant les archives nationales d’Irlande. Si nous avions déjà une petite idée de ce à quoi nous pouvions nous attendre après l’écriture de cet article, nous n’aurions pas pu être plus éblouis quant à la grandeur et à l’agencement des différents espaces. Les archives nationales d’Irlande comptent actuellement en tout une cinquantaine d’employés, et plus précisément une quinzaine d’archivistes. Nous avons eu l’occasion d’en rencontrer quelques-uns, qui nous ont éclairés en raison de leur expérience : Mr Quinlan, Mr Donnely, Mr Downing et Ms McEvoy.

Cette institution dispose de différents services, répartis sur six étages. Nous allons, tout d’abord, donner trois dates clés dans l’histoire des Archives Nationales d’Irlande.

© Carlier Romane, 2018.

Dates importantes

– 1922 : destruction du Public Record Office of Ireland durant la guerre civile. La plupart des documents étant antérieurs à cette date furent détruits ou dispersés aux quatre coins de Dublin.

– 1986 : « The National Archives Act », un texte légiférant le traitement et les missions des archives nationales d’Irlande. Il est à noter que des modifications et des régulations y furent apportées en 1988.

– 2018 : Un budget pour la construction d’un bâtiment spécialement conçu pour des archives est déterminé par le gouvernement.

Description physique

Le bâtiment actuel fut autrefois une usine de biscuits : cela se voit dès notre entrée dans le service « conservation » : les archives sont situées sur plusieurs niveaux, et l’architecture fait penser au courant industriel. Située à quelques pas de l’ancien « Public Record of Ireland », l’institution est spacieuse, lumineuse et adaptée à l’accueil de personnes à mobilité réduite.

Les salles visibles côté façades regroupent les bureaux des employés et des archivistes.

Politique d’acquisition

La politique de collecte ne diffère pas grandement des institutions belges. Les dossiers sont envoyés aux Archives Nationales d’Irlande dès qu’ils ont atteint leur trentième année d’existence. Le 31 décembre de cette même année constitue la date limite de réception. Ils les obtiennent par trois sources : les achats, les dons et les dépôts.

  • Les achats se font surtout lors de ventes publiques.
  • Les dons concernent essentiellement les archives privées (familles royales, artistes…), qui y laissent à la fois leurs documents et leurs droits de consultation.
  • Les dépôts concernent également des archives privées, mais sans en laisser les droits de consultation. Cela permet de préserver les informations sensibles ou confidentielles, tout en gardant les documents physiques intacts.

Fort de ces trois sources d’acquisition, la collection entière contient environ 90 000 boîtes, dossiers, plans, cartes, microfilms… Il faut cependant préciser que ce nombre serait bien plus élevé si la destruction du Public Record Office n’avait pas supprimé la majorité des documents datant d’avant cette période : en effet, s’ils mettent tous leurs efforts dans la recherche de ces documents survivants voire de leurs copies, ils n’ont pu en récupérer qu’une infime partie.

Service conservation : les salles des archives

Au cœur de l’ancienne usine, les archives intermédiaires sont placées dans des boîtes résistantes à un faible taux d’humidité, voire à une projection d’eau. Placées à différents niveaux, il est aisé de s’y déplacer, et cela, même en fauteuil roulant. La température est entre 12 ° et 13 ° degrés, ce qui est idéal pour ces dossiers.

Chaque document est rangé dans un environnement adapté ; les cartes, par exemple, sont dans des tiroirs spécialement conçus pour les accueillir sans les plier.

© Carlier Romane, 2018.

Une deuxième salle contient, quant à elle, les archives définitives. Si l’endroit est bien entretenu, des travaux sont prévus dans l’année à venir afin de le rendre plus adaptées aux besoins actuels en matière de stockage d’archives.

© Delrivière Romane, 2018.

Numérisation

Trois personnes s’occupent à plein temps de la numérisation. N’ayant commencé qu’il y a quelques années, l’équipe se concentre sur certaines collections qu’il est important de mettre à disposition du public, tels les Census (1). Nous n’avons cependant pas pu visiter cette partie du bâtiment.

Les collections entièrement numérisées et par conséquent intégralement consultables sur le web sont rangés dans une salle spéciale d’où ils ne sortiront a priori plus, acquérant donc le statut d’archives définitives..

Restauration

Il y a deux salles dédiées à la restauration des archives. Nous avons eu l’occasion de rencontrer les quatre restauratrices du premier espace. Leur mission : dépoussiérer les documents, les reconstituer, les rendre consultables pour les usagers.

© Carlier Romane, 2018.

Salle de lecture

La salle de lecture est spacieuse : elle offre un grand nombre de places assises (une septantaine), idéales pour la consultation des documents. La présence de machines pour consulter les microfilms, de coussins permettant de consulter les documents tout en évitant de les détériorer, permet garder les différents documents dans un bon état de conservation, et ce même s’ils ont régulièrement manipulés.

Il est possible pour le public de demander des copies numérisées des documents qu’ils veulent consulter, ce service est payant, le prix étant proportionnel au nombre de copies demandées.

Le service généalogie, même s’il ne nous a pas été montré, est d’une grande utilité : un grand nombre de personnes a pu reconstituer leur arbre généalogique à l’aide de cette aile du bâtiment. Les usagers étant libres de consulter tous les documents gratuitement, environ quatre-vingts millions de personnes se sont découvert des racines irlandaises..

© Delrivière Romane, 2018.

Valorisation

La valorisation des collections s’effectue majoritairement par la création d’expositions numériques. En effet, les Archives Nationales ne disposent pas d’un espace suffisant que pour y organiser différentes expositions. Cependant, les expositions numériques attirent énormément d’internautes, et ce, qu’ils soient d’Irlande ou du reste du monde. L’institution met également un point d’honneur à mettre le plus de documents possible en Open Access.

Conclusion

Si la politique d’acquisition peut sembler être un sujet naturel au sein de notre profession, il est tout de même important de s’y pencher : sans cette politique de collecte, il n’y aurait point de collection ! Les Archives Nationales d’Irlande bénéficient des infrastructures nécessaires à l’accueil du public, mais également à la conservation prolongée des différents types d’archives. Leur volonté de construire un bâtiment spécialement conçu pour la collecte et la conservation des archives, et ce alors même qu’ils disposent de bâtiments adaptés, montre leur professionnalisme et en dit long sur leur qualité de travail.

(1) Formulaires utilisés pour collecter, tous les 10 ans, la situation familiale de chaque habitant d’Irlande.