Visite de la Danish digital library Compte-rendu.

Source : da.wikipedia.org

Faisant suite à un premier article creusant la thématique des bibliothèques numériques et ses enjeux, il vous est proposé ici de faire plus ample connaissance avec la Danish digital library (Danskernes digitale bibliotek), visitée ce 9 mai 2019 à Copenhague.

La Danish digital library [7], fondée en 2012, est une collaboration entre le gouvernement local du Danemark et le Ministre de la culture du Danemark. Par la suite, les 98 municipalités y ont adhéré.
Elle est financée par le gouvernement local du Danemark et le gouvernement danois, avec un budget annuel de 34.000.000 de couronnes danoises, soit près de 4,5 millions d’euros. [25]
En 2018, le principal poste de dépense, à hauteur de 40%, est le développement de nouvelles fonctionnalités technologiques des outils existants.

La DDL est structurée en 4 entités [25] :
– La direction : 2 représentants du gouvernement local du Danemark , 2 représentants du ministère de la culture et le président du groupe de coordination de la DDL.
– La coordination : 7 gestionnaires de bibliothèque provenant des bibliothèques publiques, 2 gestionnaires de bibliothèque issus de bibliothèques de recherche, 1 représentant de l’agence danoise pour la culture et les palais, et 2 représentants du gouvernement local du Danemark.
– Le secrétariat : 16 employés , 4 assistants-étudiants et les détachés des bibliothèques publiques.
– Le groupe de professionnel (associé aux achats, à la communication et aux infrastructures) & les groupes de travail (associés au développement fonctionnel de la DDB CMS).

L‘objectif de la DDL est de développer une bibliothèque publique numérique à la fois locale et nationale ; et, par la mise en commun de solutions et de contenus technologiques, de renforcer ainsi les bibliothèques publiques communales. [25]

Actuellement, la bibliothèque numérique danoise est en cours d’établissement en tant que modèle de gouvernance qui englobe éléments de contenu, utilisateur, architecture, fonctionnalité, qualité et politique.

D’un côté, la DDL offre aux bibliothèques un soutien important en termes de gestion, d’exploitation, de négociation, et d’optimisation technique des services numériques préexistants. Ceci concerne essentiellement :
– une plateforme Web commune DDB CMS,
– une application commune Biblioteket,
– les licences numériques,
– les services numériques communs, tels que eReolen (portail des livres électroniques de la bibliothèque danoise), Biblo (plateforme pour les moins de 14 ans), ou encore eKurser.nu (portail de cours d’informatique en ligne).

De l’autre, elle développe, à destination des bibliothèques publiques, des solutions communes pour la gestion des ressources numériques :
– un système de gestion des licences,
– un système de statistiques des sites web des bibliothèques,
– une plateforme pour le partage d’articles utiles aux professionnels de bibliothèques,
– un soutien financier pour des projets locaux autour du numérique.
[7], [25]

Ainsi, les services existants de nombreuses bibliothèques publiques ont été fusionnés dans un logiciel orienté Open Source Architecture TING, ou dans un logiciel Open Source conçu pour s’adapter à l’architecture dès le début. [13]

Pour les utilisateurs, la bibliothèque numérique garantit un accès gratuit, facile et transparent, aux contenus électroniques de pertinence, dans les formats et les plates-formes de leur choix.

La plateforme DDB CMS

La plateforme Web commune [7], [11] est destinée aux bibliothèques danoises, ou à une bibliothèque étrangère collaborant avec une bibliothèque danoise.

Dans une visée de mutualisation, un tel système de site Web commun vise à rassembler les forces de développement de fonctionnalités, afin d’améliorer la qualité des sites internet des bibliothèques publiques danoises, à un prix démocratique. Il ne s’agit pas d’une interface visible pour le public ; mais elle fournit des fonctions nécessaires au développement d’une bibliothèque, comme la recherche , la commande ou la connexion. La DDL effectue au moins quatre mises à niveau par an. Au terme d’une mise à niveau, les bibliothèques disposent de quinze jours pour la tester et signaler des erreurs/incohérences.

Cette plateforme est donc un outil développé en étroite collaboration entre la DDL et les bibliothèques communales. Actuellement, 81 des 98 bibliothèques municipales danoises ont intégré la plateforme et s’en déclarent satisfaites.

L’inscription à la plateforme passe par la DBC (Dansk Biblioteks Center), qui se charge de fournir les identifiants nécessaires.

Gestion des ressources au sein de la DDL

La DDL a conclu un accord avec Redia, une entreprise de design et de dialogue digital, pour permettre à tous les usagers des bibliothèques publiques danoises d’avoir accès à une application pour smartphone. [1]

Source : www.danskernesdigitalebibliotek.dk

Cette app « Bibliothèque » permet d’effectuer des recherches dans un catalogue commun et de connaitre la disponibilité, le résumé ou tout autre information à propos d’un livre ou document. Cela permet aussi d’informer les usagers d’éventuels évènements à venir dans leurs bibliothèques locales. [1]

Un projet pour les magazines et les licences numériques a également vu le jour. Grâce à sa politique de partage de licences en ligne, la DDL a permis aux municipalités de recevoir des magazines électroniques dans le but d’attirer encore plus d’usagers. Ce projet s’est déroulé du 15 juin au 15 juillet 2018, et s’étend maintenant à tout le Danemark [19].

La DDL et les licences numériques

La DDL utilise ConsortiaManager [18] pour gérer l’ensemble de ses licences numériques et les offrir au public en libre-service. De plus, depuis janvier 2017, ce système offre une transparence totale puisqu’il permet de voir les statistiques de prêt, les prix et le renouvellement des licences, et un graphique d’évolution. Ainsi, chaque bibliothèque publique du Danemark peut comparer l’offre de la DDL avec la sienne et commander le reste à la DDL pour augmenter son contenu.

Les bibliothèques danoises proposent à leurs usagers les 3 licences nationales [19], [21], [22] :

  • eReolen Global qui offre des livres électroniques et des netbooks pour enfants et adultes. Tous les genres littéraires y sont disponibles et pour tous les âges.
  • RB digital donne accès à des journaux et se base sur les statistiques de prêt. Chaque usager peut donc y trouver son compte. Des revues spécialisées mondiales y sont également disponibles comme National Geographic, The Economist, Rolling stones, etc.
  • PressReader est spécialisé dans la presse du monde entier. Il est donc possible d’y retrouver plus de 5.000 journaux issus de 100 pays différents, le tout dans 60 langues différentes.

Ces 3 licences sont partiellement financées par les bibliothèques centrales du Danemark dans le cadre du projet de la superstructure numérique.

Projets futurs et développement

La DDL a opté pour un plan « bibliothèque cohérente » qui s’étend de 2018 à 2021 [11]. Ce plan triennal utilise l’application « Bibliothèque » pour connaître ses usagers, fournir des statistiques en vue de s’améliorer, etc. Ce plan inclut l’application et l’ensemble du contenu de la DDB CMS.

Pour cela, la DDL se concentre sur 4 grands axes :

  1. La bibliothèque en tant qu’inspiration : la bibliothèque est très présente dans les mentalités danoises. Elle permet de s’éveiller, de prendre conscience de sa place dans la société, et est vitale pour l’usager.
  2. La recherche croisée : la DDL doit montrer sa grandeur et sa quantité de connaissance, c’est pourquoi chaque recherche dans l’application fournira aussi des résultats disponibles sur la plateforme DDB CMS. Chaque service est donc en lien.
  3. Le côté « user-friendly » : il est primordial. L’usager ne doit pas être perdu, chaque formulaire de prêt doit être facile d’accès et les information de chaque document doivent être claires.
  4. La confiance et la personnalisation : les données personnelles ne seront pas utilisées à mauvais escient et la DDL se porte garante de l’intégrité des métadonnées.

Le plan d’action se base d’abord sur une formation pour les professionnels de bibliothèque. Ils apprendront à utiliser des moteurs de recherches et seront aidés si la recherche documentaire devient trop pointue. De facto, la recherche dans DDB CMS peut être longue et complexe au vu de la quantité de documents. Cette formation s’étendra ensuite aux paramétrages du profil de l’utilisateur, sa personnalisation et la protection de ses données personnelles.

Ensuite, des tests internes sont réalisés, l’offre des licences numériques s’uniformise et les différents services de la DDL s’homogénéisent pour travailler ensemble. L’accès à l’information pour les personnes handicapées, sourdes/malentendantes, et les enfants en écoles primaires est bien sûr une priorité. L’interface est adaptée et l’offre en documents jeunesses ou en documents audios s’élargit de jours en jours.

Conclusion

Lors de la préparation de cette visite et de la thématique des bibliothèques numériques, divers questionnements nous étaient venus à l’esprit. La présentation de la DDL, riche en informations et en échanges, a largement permis d’y répondre.

La DDL, bien qu’étant une institution encore jeune, a su, on le voit, relever les défis majeurs du numérique, que ce soit dans la gestion des contenus ou le développement de nouvelles fonctionnalités. Et ce, dans un modèle qui concilie local et national.

On perçoit, dans sa stratégie opérationnelle, un réel souci de recherche et d’analyse des besoins des bibliothèques locales, et de les traduire en services du numérique. Les efforts des uns profitant aux autres, les employés de la DDL s’appuient sur la coopération des bibliothèques, et la mutualisation des bonnes pratiques. Les bibliothèques municipales sont d’ailleurs représentées dans les organes de décisions de la DDL, même si les processus décisionnaires ne sont pas à 100% collaboratifs.

Parmi les demandes récurrentes adressées à la DDL, il y a l’idée d’une plateforme musicale d’envergure, gratuite et libre de droits, de type « Spotify ». Face à ce type de projet difficile à mettre en œuvre, la DDL, consciente des enjeux tant stratégiques que financiers, adopte une posture prudente et analytique, entre écoute des demandes, observation des pratiques des usagers, et réalités du marché du numérique.

Cet équilibre alliant innovations technologiques du numérique, coopération des différents niveaux national-local, et démarche analytique des besoins des usagers, constitue certainement l’un des ingrédients clés de ce modèle danois de bibliothèque digitale.

LEROY Charly, RENARD Shannon, SCHMIT Johanne,
pour Les Huiles Essentielles.

[1] MAEGAARD ASTRUP, Morten. Appen Biblioteket: Danskernes Digitale Bibliotek . [S. d.].
[7] DANSKERNES DIGITALE BIBLIOTHEK. The Danish Digital Library. Avril 2018.
[11] FEDERSPIEL BLINKENBERG, Sofie. Indsatsområder 2017-2019: Danskernes Digitale Bibliotek. [S. d.].
[13] HAPEL, Rolf. Danish Digital Library powered by TING – about Open Source and joined efforts in public libraries : 182 — What does the e-library mean for the public library users ? — Public Libraries . 27 juillet 2012.
[18] RICHARDY, Ann Sofie. ConsortiaManager – Libre-service pour licences numériques: La bibliothèque numérique danoise. [S. d.].
[19] RICHARDY, Ann Sofie. Magazines numériques à gogo: La bibliothèque numérique danoise. [S.d].
[21] THUESEN, Dorte BIRKEGAARD. Licences nationales: La bibliothèque numérique danoise. [S.d].
[22] THUESEN, Dorte BIRKEGAARD. Meilleure communication des licences numériques: la bibliothèque numérique danoise. [S. d.].
[25] DANSKERNES DIGITALE BIBLIOTHEK. About the Danish Digital Library: Danskernes Digitale Bibliotek. [S. d.].

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