Visite de la Dansk Nationalbiblioteket

Un article par le groupe Danablu : Ait Moussa, Soukaina. Boulvain, Lucie. Ibersiene, Frédéric. Szalaï, Gaëlle. Rencontre avec Mme. Gitte Andersen et M. Jacob Helms Langkilde, le 7 mai 2019

Notre groupe, les Danablu, a eu l’honneur d’ouvrir le bal du superbe programme de visites qui attendait notre classe 2BD au top de sa forme. Et nous avons débuté par la visite d’un bâtiment exceptionnel : le Diamant Noir (den Sorte Diamant), bâti il y a 20 ans – il ne les fait pas ! – en extension du bâtiment historique de l’île de Slotsholmen, au centre de Copenhague.

Après notre présentation orale préparant nos collègues de classe à la visite, nous avons été très aimablement reçus par Gitte Andersen, directrice du service du dépôt légal, et par Jacob Helms Langkilde, secrétaire du commissariat des biens culturels à la Kongelige Bibliotek. Tout deux nous ont décrit le fonctionnement et les missions de la Bibliothèque nationale danoise, répondant à bon nombre de nos interrogations et en insistant plus particulièrement sur les services dans lesquels ils travaillent.

L’article que nous vous présentons est donc un compte-rendu de ces nombreuses informations qu’ils nous ont apportées, agrémenté de quelques compléments que nous avions préalablement glanés à travers nos lectures.

Historique

Tout d’abord, Il est important de noter que la Bibliothèque nationale du Danemark est, depuis 2017, le résultat du regroupement(1) de la bibliothèque d’État et Universitaire et de la Bibliothèque Royale sur différents sites (bibliothèque universitaire pour l’université de Aarhus, l’université de Copenhague et celle de Roskilde). L’ensemble est unifié sous le nom de Kongelige Bibliotek, abrégé en KgL. Elle a 4 fonctions principales : la préservation de l’héritage culturel Danois, la diffusion de la culture et de la recherche, elle est un centre principal des bibliothèques publiques du pays et elle gère le prêt inter-bibliothèques(2).

Il s’agit d’une bibliothèque immense alors que le pays est petit : le Danemark est le plus petit pays de Scandinavie avec ses 5,75 millions d’habitants(3). Elle couvre pratiquement tous les domaines sauf ceux couverts par la Danish Technical University, qui est encore indépendante : comme le Danemark est un petit pays, la Bibliothèque nationale s’occupe seule de collecter presque tout.

Deux des principaux pôles sont les bibliothèques universitaires (Copenhagen University et Aarhus University) et quelques autres comme la Roskilde University, à Copenhague, ainsi que la Bibliothèque nationale qui de façon classique s’occupe du dépôt légal, des collections spéciales, de la préservation et elle propose des salles de lecture. Cependant, la bibliothèque a 30 adresses différentes ! Le bâtiment principal et le plus iconique est le Diamant Noir (Sorte Diamant), c’est là que se trouvent les bureaux des directeurs. Un autre important et grand service dans la bibliothèque est le service informatique. On y trouve aussi les services économiques et RH, mais ils sont beaucoup moins importants.


La Bibliothèque Royale Danoise fut fondée par le roi Frédéric III qui nomma son premier bibliothécaire le 25 octobre 1653. Ce roi avait une très grande bibliothèque privée qu’il décidera de fusionner afin de former les collections de la bibliothèque royale. Ses collections sont installées dans un bâtiment dédié, où se trouvent à l’heure actuelle les archives de la bibliothèque. Elle est publique depuis 1793. Bien avant que la bibliothèque royale ne soit créée, existait la bibliothèque universitaire, créée en 1482, mais en 1938 celle-ci sera répartie en deux départements : biologie et médecine.

Aujourd’hui, la bibliothèque est répartie sur quatre différents sites :

  • Le site principal Slotsholmen : créé en 1906, il est le bâtiment principal et il s’agit d’une copie de la chapelle du palais d’Aix-la-Chapelle de Charlemagne, bâti sur une île.
  • Fiolstræde : qui se trouve au centre de Copenhague et qui est spécialisé dans les sciences sociales.
  • Amager : spécialisé dans les humanités.
  • Nørrebro : spécialisé en biologie et médecine.


Le “Diamant noir”

Stoltholmen – Den Store Diamant – Photo : Soukaina

L’extension du bâtiment d’origine ouvre ses portes en 1999, on l’appelle ainsi à cause du marbre noir et du verre fumé qui le composent. Construit juste en face de l’ancienne bibliothèque, séparé d’elle par une rue passante, mais relié par une passerelle, on peut accéder au Diamant noir grâce à trois passages différents. Il contient 450 salles et plus de 800 portes sécurisés, il y a cependant un vaste choix de salle de lecture, ou on peut s’attabler et consulter les nombreux ouvrages présent sur place. La bibliothèque propose également une connexion wifi gratuite, d’où la forte affluence des étudiants.

Une particularité de cette bibliothèque est qu’on n’y trouve pas un seul livre. En effet : ils sont tous numérisés. Pour les consulter, on peut utiliser les nombreux ordinateurs présents dans l’atrium et les couloirs. Pour obtenir un document au format papier il faut en faire la demande aux bibliothécaires. On y trouve une grande collection de manuscrits, de photographies, de cartes, de journaux et même de portraits. Le rez-de-chaussé du diamant noir ressemble à un centre commercial car il propose des cafés et restaurants.

Den Sorte Diamant – Copenhague – Photo : Soukaina

Pourquoi avoir fusionné ?

Principalement pour une raison de rationalisation des services : il y avait à Aarhus une bibliothèque appelée la Bibliothèque d’Etat, ce qui faisait qu’il y avait deux endroits pour le dépôt légal. Après l’unification, il n’y eut plus qu’un endroit pour le dépôt légal physique. Auparavant, deux copies étaient déposées à Copenhague et une à Aarhus. Désormais seules deux copies sont déposées à Copenhague.

Depuis le 1 janvier 2017, le ministre Danois de la culture à décidé de fusionner la bibliothèque royale et la bibliothèque d’Etat et universitaire, les deux plus grandes bibliothèque du pays. Le directeur de la bibliothèque universitaire sera le grand patron après cette fusion et gardera ses locaux à Aarhus et à Copenhague.
Les danois disposent à présent d’un accès unique aux journaux numériques aux programmes de radios, aux émissions télévisés, aux manuscrits originaux d’Hans Christians Andersen et aux lettres d’amour de Søren Kierkegaard. Autre avantage, la préservation du patrimoine culturel sera renforcée. La fusion permettra de pérenniser les services fournis au plus haut niveau.
“(5)

Den Sorte Diamant – Copenhague – Photo : Souki

La bibliographie nationale

La bibliographie nationale danoise existe depuis 1851 et se présentait au début sous la forme d’une liste éditée reprenant les livres et périodiques publiés dans le pays. Lors de la seconde moitié du 20e siècle, des bibliographies rétrospectives sont ajoutées. Elles couvrent les œuvres publiées au sein du royaume du Danemark de 1482 à 1850.

Durant le 20e siècle, la liste originale de 1851 est divisée en deux. De plus, ce que couvre la bibliographie nationale danoise augmente avec l’ajout d’articles et de revues dans les périodiques, des publications gouvernementales, de cartes, de musique, d’enregistrement sonores, de vidéos et d’autres matériels audiovisuels qu’ils soient sous forme numérique ou analogique. Sont également ajoutés à la bibliographie nationale les livres et articles publiés à l’étranger mais traitant du Danemark et des Danois, les traductions d’auteurs danois.

Il est nécessaire de comprendre l’histoire géographique du Royaume du Danemark de 1482 à nos jours pour savoir ce qui est inclus dans la bibliographie nationale. Sont comprises les œuvres publiées en Norvège jusqu’à 1814, en Scania (l’actuelle Suède) jusqu’en 1658, en Islande jusqu’en 1944, et au sein de Schleswig-Holstein (actuelle Allemagne) jusqu’en 1864. Quant aux îles Féroé, leur bibliographie nationale est séparée de celle du Danemark.

La bibliographie nationale danoise était, à l’origine, imprimée. Dans les années 1980 la forme numérique vient en supplément, et dans les années 1990 l’enregistrement dans des bases de données est un succès. En 2004, paraissent les dernières parties imprimées. Aujourd’hui, l’entièreté de la bibliographie nationale est trouvable en ligne, dans l’OPAC de la KGL, REX, et dans le catalogue qui réunit les collections des bibliothèques danoises sur bibliotek.dk.

L’actuelle bibliographie nationale danoise est produite par :

  • la Royal Danish Library pour les périodiques, les cartes et la musique;
  • le Danish Bibliographic Center pour “les livres, la musique, les documents audiovisuels, les documents sur Internet, les articles et revues dans les journaux et les magazines (…).” (6)

Assez étonnamment, le Danish Bibliographic Center (DBC) est une entreprise privée, basée hors de Copenhague. La Bibliothèque nationale danoise travaille évidemment en étroite collaboration avec elle car elle reçoit le dépôt légal. Cependant, il est possible et très fréquent que les éditeurs envoient un exemplaire également au DBC car ceux-ci veulent apparaître dans la bibliographie nationale et ainsi être connus notamment par les bibliothèques. Cependant la Bibliothèque nationale reçoit plus de livres et vérifie chaque fois qu’ils ne soient pas dans la bibliographie nationale. Ainsi, la Bibliothèque nationale envoie 4000 livres par ans à la NBC. Cette situation quelque peu surprenante a cependant au moins un avantage : cela permet de vérifier la complétude du dépôt légal. Les bibliothèques du territoire danois s’appuient tout simplement sur la bibliographie nationale et n’ont donc pas de tâche catalographique.

En Belgique : La Bibliographie de Belgique contient tout ce qui est déposé au Dépôt légal et qui n’est pas une publication périodique. Elle fut publiée pour la première fois en 1875. Mise en ligne désormais tous les mois, elle offre des archives numériques allant jusqu’à 1998. Elle possède également un OPAC. Elle n’est cependant pratiquement pas utilisée par les bibliothèques publiques.

Elle est aussi “l’un des principaux outils de communication et de valorisation de la production éditoriale belge”(8).

Politique documentaire : conservation et dissémination du patrimoine culturel

La KgL donne accès via son service REX à des ressources électroniques en ligne provenant de The Digital National Library :

Accès à la presse en ligne (e-journals)(8) : les abonnements couvrent les domaines des sciences de la santé, des arts et de l’histoire, de l’ingénierie, des sciences appliquées et de la métallurgie, des sciences environnementales, de l’agronomie, des sciences de la Terre, de la chimie, des technologies de l’information, des sciences de la vie, du commerce, de l’économie et du management, du droit, des technologies des télécommunications, des bibliothèques et sciences de l’information et des sciences physiques.

Accès à des bases de données(9) couvrant ces domaines : Arts & Sciences humaines, généralités et inter-disciplinaires, Sciences de la santé, Droit, Sciences de la vie, Sciences Pharmaceutiques, Science, Sciences Sociales et Théologie.

On y trouve également des livres rares(10) et des e-books, la presse danoise(11) et internationale, papier et online, une collection de 4 millions de photographies aériennes(12), une collection “Judaica”(13) comprenant des documents sur les études juives en langues occidentales ainsi que des documents rédigés hébreux.

S’y trouve également une collection de manuscrits qui contient des lettres de 1600 à aujourd’hui. Elles proviennent de personnalités danoises ou étrangères. La plus grande partie d’entre elles datent des XIXe et XXe siècles. Mais on trouve également toutes sortes de manuscrits remontant jusqu’au Moyen- âge, portant essentiellement sur l’histoire littéraire et culturelle européenne et en particulier danoise. Elle préserve 4,5 km de rayonnage de parchemins et de papiers anciens(14).

Den Sorte Diamant – Copenhague – Photo : Souki

Elle conserve une collection de cartes qui se trouvent essentiellement dans le département des cartes, des images et des photographies que l’on peut pour leur majorité trouver dans le catalogue REX. On en trouve de nombreuses autres, principalement danoises et nordiques, dans le département des manuscrits. D’autres cartes sont situées dans les livres des différents départements.

Au niveau de la musique(15), tant pour les amateurs que pour les chercheurs, la Kgl propose des partitions et des manuscrits de musique, de la musique imprimée , des manuscrits musicaux, des pièces d’orchestre, des enregistrements sonores, de la musique en ligne, des programmes de concerts, des portraits et images, de la littérature, des archives, des critiques.

On y trouve également une collection de brochures publicitaires et de publications institutionnelles(16), ainsi que la collection Orientalia(17) qui propose des manuscrits sur parchemin et papier ainsi que sur d’autres supports (feuilles de palmier, écorce, feuilles métalliques, par exemple), des estampes et des livres imprimés dans les langues d’Asie et d’Afrique du Nord. Tous les documents doivent être retrouvés et commandés dans REX pour pouvoir être utilisés dans les salles de lecture. A noter que certains manuscrits ne sont pas enregistrés dans REX. Les visites ne se font que sur rendez-vous.

Aussi, une collection historique de livres rares inestimables(18), en langue danoise et étrangères. La bibliothèque comprend à la fois les collections de l’ancienne bibliothèque royale et de la bibliothèque universitaire. On y trouve entre autres 4500 incunables(19). Les livres rares ne peuvent être étudiés qu’au Centre des manuscrits et des livres rares, mais dans certains cas à Reading Room West.

Enfin, la Collection Drama(20) propose presque la totalité des textes des pièces jouées dans les principaux théâtres de Copenhague, ainsi que le répertoire du Théâtre Royal depuis 1955.

Comment ces collections sont-elles formées ?

L’ancien bâtiment de la KgL – Photo : Soukaina

Une partie peut provenir du dépôt légal mais beaucoup proviennent du don, du leg et aussi d’achats effectués par le service des collections spéciales qui recherche ce qui peut avoir une signification pour la culture danoise. Nous l’avons vu, ces documents peuvent être de diverses natures, mais M. Jacob Helms Langkilde, du service des collections spéciales, nous apprend qu’il peut aussi s’agir de jeux vidéos et de sites web.

Il nous explique également qu’auparavant la collecte de pièces de l’héritage culturel danois passait souvent par la vente par des auteurs de leurs propres collections et que ceux-ci avaient souvent des exigences difficiles à suivre. Ils ne sont désormais plus rétribués mais ont accès quand ils le désirent à leurs collections. Plus aucune demande particulière n’est acceptée.

Dissémination

Deux mots danois difficilement traduisible en anglais ou en français : tilgængeliggørelse et formidling. Ce sont ces mots qui, d’après M. Helms Langkilde, définissent la dissémination telle qu’elle est pratiquée par ses services. Google translate nous parle de “mise à disposition ” et de “communication”, deux termes que nous regroupons souvent sous le terme de “valorisation”. La mise à disposition se fait bien évidemment via le catalogue en ligne REX de la Bibliothèque nationale, la communication se fait quant à elle via des lectures, des podcasts et des pages thématiques sur le site internet de la KgL et surtout via des expositions. M.
Helms Langkilde nous parle également de “content marketing” et du fait qu’il est capital pour son service d‘être bien référencé dans les recherches de Google. Ainsi, c’est une tâche importante, avec la production de contenus afin d’attirer les lecteurs sur le site puis les visiteurs.

L’ancien et le nouveau – Den Sorte Diamant – Copenhague – Photo : Soukaina

Un des principaux moyens de faire connaître et de partager avec le public les collections que la Bibliothèque nationale conserve est de tirer profit du « Sorte Diamant » et d’organiser des expositions et des événements. C’est, d’après M. Helms Langkilde, un excellent moyen de justifier l’existence et le coût de celles-ci : des expositions de photographies, plusieurs expositions culturelles chaque année, des évènements avec des artistes internationaux. Au moment de la visite se déroulait l’exposition “Abramović Method for Treasures” de l’artiste performeuse Marina Abramović. Cette exposition est en place depuis juin 2017 et prendra fin trois ans plus tard. Une exposition photographique permanente s’installera dans le « Sorte Diamant » d’ici 2020.

Ce sont donc deux départements qui collaborent pour la mise en avant des collections : le département des collections spéciales, qui fait travailler des experts : historiens, musiciens, universitaires, et le département de la culture qui emploie principalement des professionnels de la communication qui savent comment mettre en place un événement ou une exposition et comment les promouvoir.

Autre moyen important de communication : internet et le digital. Un effort est mis sur le digital avec la refonte future du site internet mais aussi, et peut-être surtout avec l’organisation d’expositions digitales. L’idée est venu avec l’exposition physique “Blind spot” sur les West indies ( nom donné aux migrants danois qui s’étaient établis dans les îles de Saint Thomas, Saint John et Saint Croix et qui ont été achetées par les USA en 1917, cent ans plus tôt ) et au fait que ceux-ci, éloignés, devaient avoir accès à leur patrimoine culturel. Cette exposition virtuelle donna lieu à la digitalisation de plus de 200000 pièces, incluant des photos, des cartes, de petits imprimés, des livres, des notes, des papiers divers.

Den Sorte Diamant – Copenhague – Photo : Soukaina

Une nouvelle exposition numérique, totalement virtuelle cette fois-ci, prendra place l’année prochaine et se concentrera sur la région du Schleswig-Holstein, au sud du Danemark, aujourd’hui allemande, autrefois danoise. Les médias sociaux sont très utilisés pour communiquer sur les événements proposés par la KgL et l’on apprend qu’une application avait même été créée, en collaboration avec la IT University of Copenhagen permettant une visualisation de toutes les collections, de modifier les œuvres et de les mélanger avec les photographies personnelles du visiteur. Étonnamment, elle n’aura eu que peu de succès, certainement faute à une communication suffisamment efficace. M. Helms Langkilde nous apprend qu’il faut un gros marketing pour promouvoir une application et que les gens rechignent généralement à télécharger et à installer une application.

Le service spécialisé dans la musique est très actif et organise régulièrement des concerts comme par exemple l’Athelas Sinfonietta & Esbjerg Ensemble, en ce moment, et parfois des créations originales illustrant une exposition comme pour celle des West Indies.

La plupart du temps, les expositions sont d’ailleurs organisées sous forme de campagnes thématiques : lorsqu’une exposition est faite, une constellation de projets sont faits autour via les médias sociaux, les expositions sur internet, les évènements et conférences, etc., cela permet d’utiliser et de réutiliser le matériel produit pour tel ou tel objet : ainsi les commentaires explicatifs rédigés à propos d’un item peuvent être réutilisés sur nombre de supports différents. C’est également un bon moyen d’advocacy et de publicité des missions de la bibliothèque qui a de plus la chance de disposer d’un bâtiment très visible, connu de tous les habitants et situé dans un lieu de passage.

Parfois des conférences plus scientifiques sont données ainsi que des cours de recherche prodigués aux étudiants. Ce n’est que depuis peu que la Bibliothèque nationale s’est également attachée à former les élèves dès l’école primaire en proposant diverses activités et cours et toutes ces activités sont également des moyens de dissémination.

En Belgique : La KBR vise également ce public et donne des cours de recherche, forme les scolaires aux outils de la bibliothèque.

Le Dépôt Légal

Le Dépôt légal existe au Danemark depuis 1679 et il a été un outil pour tout récolter. Il y avait évidemment peu de matériel au début, principalement des livres, mais depuis cela a beaucoup évolué, en même temps que la société et l’avènement de la radio, de la télévision et d’internet. Tout ce qui est publié est collecté.

20 personnes sont actuellement attachées à ce service et quelques étudiants y travaillent à temps partiel.

Le Dépôt légal est régi par la loi sur le dépôt légal du 16 Décembre 2004 et établit des règles détaillées pour la sauvegarde du matériel.

Cette loi couvre plusieurs publications (tout doit être déposé obligatoirement);

  1. Les œuvres publiées sous forme physique
  2. Les supports rendus publics via un réseau de communication électronique
  3. Les programmes de radio et de télévision
  4. Les films produits en vue d’une projection publique”(21)
Den Sorte Diamant – Copenhague – Photo : Soukaina

1. Les œuvres publiées sous forme physique

Le Dépôt légal couvre toutes les œuvres mises en vente au Danemark. Elles ont soit été produites au Danemark et ont été mises en vente par un éditeur danois avec l’accord de l’auteur soit elles proviennent de l’étranger mais ont pour but d’être distribuées au Danemark. Comme à la KBR, deux exemplaires doivent être remis à la Royal Danish Library sous la même forme que celles mise en vente (y compris en cas de réédition).

La Bibliothèque nationale reçoit ainsi annuellement environ 25000 publications. Gitte Andersen, responsable du dépôt légal, estime qu’au moins 99% de ce qui est publié est collecté. Seule une copie sur les deux est destinée à la préservation mais, chose étonnante, cette copie peut aussi être utilisée sous certaines conditions. Il s’agit donc à la fois une copie de conservation et d’une copie que l’on peut utiliser avec quelques restrictions, en dernier ressort. L’autre copie, qui correspond à celle qui était auparavant déposée à Aarhus (d’ailleurs, cette copie se trouve toujours physiquement à Aarhus, même si elle est reçue et enregistrée à Copenhague), est disponible pour toute bibliothèque publique du territoire qui pourrait en avoir besoin et qui peut ainsi même la prêter à ses usagers.

En Belgique : il y a une copie pour la préservation et une copie disponible uniquement en salle de lecture.

Les magasins – KgL – Copenhague – Photo : Lucie

Les documents publiés à l’étranger ayant un lien avec le Danemark ne sont désormais plus collecté. Le dépôt légal doit être fait seulement si le livre est publié au Danemark ou par une maison d’édition danoise, même si le livre est imprimé à l’étranger. Cependant, le service des collections spéciales peut s’occuper d’acheter des pièces d’intérêt dans d’autres pays.

En Belgique : le dépôt légal étend l’obligation de dépôt aux auteurs belges qui publient à l’étranger.

Comparativement aux 15000 monographies qu’elle reçoit chaque année, la Bibliothèque nationale du Danemark reçoit relativement peu de documents audiovisuels, avec un peu de musique, des cartes et des périodiques.

Elle collecte également toutes les publications publicitaires et les publications d’entreprises via le dépôt légal et en reçoit 1500000 par an ! Elle n’en conserve cependant qu’une centaine de milliers chaque année. Cela peut donc tout à fait être le dépliant publicitaire du supermarché local. Ce service est très populaire car ce type de document est très utile à toute personne cherchant à s’informer ou à retranscrire (comme le font les cinéastes, par exemple) la façon de vivre à une époque donnée : la mode vestimentaire, le design, les façons de se nourrir, de se comporter…Tout le matériel est en fait déposé par l’imprimeur : le service du dépôt légal reçoit donc de nombreuses boîtes chaque jour dans lesquelles se trouve la production récente de l’imprimeur : les livres sont donc mélangés avec les publicités, les posters, les cartes postales, etc. Ici, la vérification de la complétude du dépôt n’est bien sûr pas complète, mais si un imprimeur ne dépose plus rien durant un certain temps, alors il sera contacté. Parfois, les réclamations sont faites directement à l’éditeur lorsque l’imprimeur n’est pas connu.

Le travail au Dépôt légal consiste donc en premier lieu à un énorme travail de tri : les immenses masses de publications qui parviennent depuis l’imprimeur ne sont absolument pas triées : les boites livrées contiennent pèle-mêle des publicités et des romans, des magazines et des cartes postales : tout ce qui peut sortir de l’imprimerie. Ces documents sont ensuite envoyés vers les services adéquats puis rangés dans les départements correspondants. Ces documents ne sont pas catalogués, le seul moyen de les retrouver est d’aller chercher dans les boîtes correspondants au type de documents voulus.

Ils sont ensuite expédiés vers deux lieux de stockage différents, dont un à Copenhague, ce qui, en quelque sorte, est une assurance contre une perte totale en cas d’incendie, par exemple. Cependant, un nouveau bâtiment destiné à accueillir tous les exemplaires est en train d’être bâti et cet avantage sera ainsi perdu. certains documents sont reliés, d’autres sont mis dans des boîtes non acides, ce qui permet de les protéger et d’éviter leur dispersion. Le département qui s’occupe de la préservation est systématiquement consulté notamment pour éviter toute contamination.

Le catalogage a lieu ensuite. La Bibliothèque nationale fait partie de l’organisation de l’ISSN et s’occupe de donner un tel numéro aux périodiques, ce qui facilite le travail des bibliothèques publiques qui ne doivent pas ainsi suivre les nombreux changements de titres qui peuvent avoir lieu durant la vie d’une revue. L’ISBN, par contre, est édité par la DBC.

En Belgique : la KBR s’occupe de l’ISSN mais l’attribution des numéros ISBN aux ouvrages publiés en Wallonie et à Bruxelles est déléguée à l’AFNIL, une association basée en France, et à Meta4books vzw, une ASBL basée en Flandre pour les monographies publiée à la fois en Flandre et à Bruxelles.

Den Sorte Diamant – Photo : Soukaina

2. Les supports rendus publics via un réseau de communication électronique

Le dépôt légal couvre tous les documents danois publiés sur les réseaux de communication électronique. Ces documents ont été soit publiés à partir de domaines internet spécifiquement attribués au Danemark soit sous d’autres domaines internet mais s’adressent à un public danois. Il ne faut pas venir déposer : une “e-machine” s’occupe de moissonner internet et de récolter tous les sites dont l’extension se termine en .dk. Il est évidemment plus compliqué de trouver de cette manière les sites d’entreprise internationales danoises dont l’extension peut par exemple être .com. mais des recherches sont également faites. Ce système a été élaboré avec l’aide un consortium d’autres bibliothèques nationales et plus particulièrement avec celle de la Norvège (qui a beaucoup d’argent grâce au pétrole !)

En Belgique : un professeur de l’IESSID, M. Emmanuel Di Pretoro travaille sur un projet similaire sur l’internet belge pour le compte de la KBR. C’est le projet PROMISE, qui tire avantage de ce qui a été fait auparavant dans le monde entierz.

DES COMPARAISONS FRÉQUENTES AVEC LA NORVÈGE : En Norvège, il faut faire cinq dépôts physiques, il faut aussi faire un dépôt du fichier électronique de pré-print du livre. Le Danemark s’est demandé s’il allait utiliser le même système, mais la préservation de données électroniques coûte plus cher que la préservation de livres. Une fois un livre placé dans les bonnes conditions, celui-ci peut se garder pendant très longtemps alors que pour les données électroniques, il faut toujours les convertir et s’assurer qu’elles ne soit pas endommagées : il faut en permanence s’assurer qu’elles soient lisibles.

3. Les programmes de radio et de télévision

Le Dépôt légal couvre tous les documents danois publiés sur les chaînes télévisées et radiophoniques. Ces documents ont soit été diffusés par une société de radio ou de télévision danoise soit ont été diffusés par une société de radio ou de télévision domiciliée hors du Danemark mais dont le programme est destiné à un public danois.(23)

4. Les films produits en vue d’une projection publique

Le dépôt légal couvre tous les films définis comme danois. Il doivent impérativement être offert gratuitement à l’institution de dépôt légal avant d’être détruits.(23)

En Belgique : “A la KBR, le dépôt légal concerne les livres et périodiques, les journaux, les publications des Services publics, les éditions bibliophiliques, les thèses, les livres pour enfants, les bandes dessinées et les mangas. Il existe aussi un e-dépôt volontaire pour les publications en ligne.
La loi sur le dépôt légal a pour objectif de conserver le patrimoine culturel de notre pays pour les générations futures tout comme la Royal Danish Library. Pour les publications périodiques (journaux, revues, publications annuelles), un seul exemplaire doit être déposé.

A cause de cette masse de documents arrivant chaque jour au service du Dépôt légal, celui-ci a dû prendre place dans les anciens bâtiments, le Sorte Diamant n’étant pas capable de supporter de telles charges.

La formation des employés de la Bibliothèque nationale du Danemark

L’ancien bâtiment – Copenhague – Photo : Soukaina

Tous ceux qui travaillent au service du dépôt légal ne sont pas bibliothécaires, loin s’en faut. Ceux qui ont suivi une formation de bibliothécaire – même s’il n’existe pas réellement de tel diplôme au Danemark, sont généralement ceux qui s’occupent du catalogage, mais cela n’est pas obligatoire.

Madame Gitte Andersen dirigeait auparavant la Digital National Bibliography et M. Jacob Helms Langkilde y travaillait également. La plupart des employés du service des collections spéciales ne sont pas des bibliothécaires mais plutôt des universitaires ou des spécialistes dans leurs domaines. La Bibliothèque nationale danoise n’a pas de problèmes de recrutement : tout le monde veut venir travailler dans ce bâtiment remarquable qui fait office de maison de la culture !

Conclusion :

Il fut très enrichissant pour nous de pouvoir comparer le fonctionnement des deux institutions ; KgL et KBR. Les différences : le fait que le Danemark ait décidé de rationaliser le fonctionnement de la Bibliothèque nationale, le fait que celle-ci rassemblait certaines fonctions qui auraient plutôt échues en Belgique aux Archives nationales (le dépôt légal des publicités et autres publications institutionnelles). Mais aussi les ressemblances : les restrictions budgétaires, la nécessité de justifier en permanence les dépenses qui mène à un soucis d’une communication de plus en plus poussée avec le public. Et le dernier point commun : cette volonté d’archiver l’internet national.

Sources :

(1) THE ROYAL DANISH LIBRARY.« The new Royal Danish Library » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 27 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/kb/organisation/fusion/start.html>.

(2) THE ROYAL DANISH LIBRARY. « Denmark to have one national library » [en ligne]. 12 septembre 2016. [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/kb/nyheder/nyheder/Fusion.html>.

(3) UNIVERSALIS. « Danemark » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.universalis.fr/encyclopedie/danemark/.>

(4) Wikipedia. « Bibliothèque royale (Danemark) » [en ligne]. 2 juin 2018 [Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Biblioth%C3%A8que_royale_(Danemark)&oldid=149153395>. Page Version ID: 149153395.

(5) Op cit.

(6) DBC. « National Bibliography and registration » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 18 mai 2019]. Disponible sur le Web : <https://www.dbc.dk/english/national-tasks-ny/national-bibliography-and-registration>

(8) KBR. « Bibliographie de Belgique » [en ligne]. [Consulté le 22 mars 2019].
Disponible sur le Web : <https://www.kbr.be/fr/collections/bibliographie-de-belgique/>.

(9) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Databases » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 28 mars 2019].
Disponible sur le Web  : <http://www.kb.dk/en/materialer/e-ressourcer/databaser/Databaser.html>.

(10) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK . « Rare Books » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/samling/boghistoriske_samlinger/index.html.>

(11) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Danish newspapers » [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/samling/ds/aviser/index.html>.

(12) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « The Aerial Photograph Collection » [en ligne]. [s. d.][Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/samling/lf/index.html.>

(13) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « The Judaica Collection » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/samling/js/index.html.>

(14) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « The Manuscript Collection »[en ligne]. [s. d.] [Consulté le 17 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/samling/hs/index.html>.

(15) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Music » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web: <http://www.kb.dk/en/nb/materialer/musik/index.html>.

(16) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « The Collection of Pamphlets and Corporate Publications » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/materialer/smaatryk/index.html.>

(17) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Orientalia » [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/materialer/orientalia/index.html>.

(18) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Rare Books » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/materialer/sjaeldne/index.html>.

(19) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Special book historical collections » [en ligne]. [s. d.][Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/afdelinger/ha/boghistorie/saersamlinger.html>.

(20) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Theatre texts » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/nb/materialer/teater/index.html>.

(21) Pligtaflevering.dk [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 18 mai 2019]. Disponible sur le Web : <http://pligtaflevering.dk/loven/.>

(22) KBR. « Mémento des règles du Dépôt légal » [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 18 mai 2019]. Disponible sur le Web : <https://www.kbr.be/fr/depot-legal/memento-des-regles-du-depot-legal/>.

(23) THE ROYAL LIBRARY OF DANEMARK. « Act on Legal Deposit of Published Material »
[en ligne]. Décembre 2004 [Consulté le 24 mars 2019]. Disponible sur le Web : <http://www.kb.dk/en/kb/service/pligtaflevering-ISSN/lov.html >

Entretien avec Mme. Gitte Andersen et M. Jacob Helms Langkilde . Réalisé le 7 mai 2019.