Les Learning Centres, le futur des bibliothèques universitaires?

Aujourd’hui, l’information est de plus en plus dématérialisée. Les bibliothèques ne sont donc plus un passage obligé pour avoir accès au savoir. Elles doivent donc, pour survivre, se réinventer. Dans le cas des bibliothèques universitaires, cela se traduit par une évolution des pratiques professionnelles et des services. Cette mutation s’exprime sous la forme d’un nouveau concept venu d’Angleterre : le Learning Centre.

Bibliothèque Universitaire… [1]

Une bibliothèque universitaire fonctionne obligatoirement en lien avec une université ou un établissement de l’enseignement supérieur. Elle doit donc adapter son offre à un public cible bien particulier. [2]

Il semble qu’en Belgique, chaque université soit responsable de sa bibliothèque à tous les niveaux. Le cas de l’ULB est un très bon exemple, étant l’une des plus importantes universités de Belgique et, qui plus est, étant proche de l’IESSID et accessible à ses étudiants et professeurs. [3]

De plus, la B.U. s’est octroyé des missions précises pour tous ses publics, car à l’instar de n’importe quelle bibliothèque, c’est pour son public avant tout que cette dernière adapte sa politique de gestion. [4]

Il semble donc que de plus en plus de B.U. se dirigent vers le modèle du Learning Centre car comme le dit si bien Muriel Baguet (directrice de politique documentaire et des bibliothèques de l’ULB) : « une réflexion stratégique qui anime l’évolution globale du dispositif et dans laquelle s’inscrivent les ambitions futures […] insiste sur le caractère évolutif et dynamique des Library & Learning Centres, qui visent à rester en phase avec l’évolution des pratiques d’enseignement, d’apprentissage et de recherche. » [5]

… vs. Learning Centre ?

Le terme « Learning Centre » a fait son apparition en Angleterre à partir des années 90. Il désigne un nouveau type de bibliothèques universitaires qui offre des services enrichis. [6]

Selon la norme ISO/TR 11219:2012, concernant les bâtiments des bibliothèques, les Learning Centres sont une « zone de la bibliothèque dédiée aux objectifs d’apprentissage des connaissances. Elle intègre le plus souvent la bibliothèque et les services liés aux nouvelles technologies, avec dans la plupart des cas, un réseau sans fil, des équipements multimédias et des services d’aide aux utilisateurs par des bibliothécaires ou des spécialistes des technologies. Un Learning centre peut être, selon les cas, un équipement distinct, à l’intérieur ou à l’extérieur de la bibliothèque, ou une partie intégrante de la bibliothèque. » [7]

Les principales missions des Learning Centres sont les suivantes :

  • Mission documentaire : collections abondantes et variées (format papier et numérique).
  • Mission d’apprentissage des technologies : offre de ressources informatiques et audiovisuelles.
  • Mission pédagogique : formation, e-learning, etc.
  • Mission sociale : service sociaux, service aux étudiants (conseils sur leur scolarité/future carrière, conseils financiers,…).
  • Mission culturelle (moins fréquent) : conférences, débats, expositions, etc.  [8]

De plus, les Learning Centres exploitent le concept de bibliothèques troisième lieu. Nous parlons de troisième lieu dans le sens où la bibliothèque « ne doit plus être vue comme un lieu de stockage des savoirs où l’on vient simplement pour emprunter des livres et [consulter les ouvrages] dans un silence sépulcral. Mais elle doit au contraire muter pour devenir ce que l’on appelle un troisième lieu, le premier étant le foyer et le second étant le lieu de travail. C’est-à-dire un endroit de passage et de rencontres où l’usager est d’avantage séjourneur que lecteur. Pour se faire, elle doit offrir un « espace neutre et vivant […][avec ses] habitués », où l’on se sent comme chez soi et favoriser les rencontres inédites et inattendues. En outre, ce troisième lieu doit offrir « un cadre propice au débat » [9]. En d’autres termes, la bibliothèque n’est plus en retrait de la vie de la Cité mais en est actrice en outillant ses usagers avec des savoirs différents, présentés sous diverses formes. » [10] Le Learning Centre est donc aussi un lieu de rencontre, de vie culturelle et même de détente.

Learning Centres et bibliothèques universitaires, une évolution nécessaire?

Les Learning Centres apportent un nouveau relief aux bibliothèques universitaires, ils en font un lieu moins institutionnalisé, plus ouvert. Ils permettent au grand public de ne plus voir les bibliothèques universitaires seulement comme des Temples du Savoir. Ces lieux deviennent conviviaux, accueillants. La « mission culturelle » dont ils s’occupent parfois reflète bien cette ouverture nouvelle : le public est invité non seulement à découvrir ce qui se passe à l’intérieur de cet ancien Temple, mais aussi à participer aux débats ou aux expositions.

Dans un sens, le Learning Centre est donc la suite logique, l’évolution naturelle de la bibliothèque universitaire. Dans un monde où la conservation, la diffusion et l’accès à l’information et au savoir sont en constant changement, il faut savoir rester à la page.

C’est dans ce contexte que s’inscrit notre visite à LILLIAD, Learning Center et Innovation de Lille que nous avons présenté ici.


Notes

[1] LIEBAERS, Herman. « Les bibliothèques et la documentation en Belgique » [en ligne]. In Bulletin des bibliothèques de France. 1966 [consulté le 15 mars 2017], n°1. Disponible sur le Web : < http://bit.ly/2pXDgVu>. ISSN 1292-8399

[2] « Les bibliothèques universitaires sont rattachées à des universités ou des établissements denseignement supérieur, pour lesquels elles gèrent et offrent loffre documentaire à destination des étudiants, des enseignants et des chercheurs. » ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEUR DES SCIENCES DE L’INFORMATION ET DES BIBLIOTHÈQUES (ENSSIB). « Bibliothèque universitaire (BU) » [en ligne]. In Glossaire. Mise à jour le 29 mars 2013 [consulté le 15 mars 2017]. Disponible sur le Web : <http://bit.ly/2qXs9KT>

[3] UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES (ULB). « Organigramme du département des bibliothèques et de l’information scientifique » [en ligne]. In Bibliothèque et Information scientifique. Mise à jour le 14 mars 2017 [consulté le 15 mars 2017]. Disponible sur le Web : <http://bit.ly/2pgfxBt>

[4] UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES (ULB). « Missions du département des bibliothèques et de l’information scientifique » [en ligne]. In Bibliothèque et Information scientifique. Mise à jour le 14 mars 2017 [consulté le 15 mars 2017]. Disponible sur le Web : <http://bit.ly/2q1X20p>

[5] BAGUET, Muriel. « Rapport d’activité 2014 & 2015 » [en ligne]. In Université Libre de Bruxelles. Archives & bibliothèques. Publié le 1er février 2016, p. 3 [consulté le 15 mai 2017]. Disponible sur le Web : <http://bit.ly/2r7MLmo>

[6] ECOLE NATIONALE SUPÉRIEUR DES SCIENCES DE L’INFORMATION ET DES BIBLIOTHÈQUES (ENSSIB). « Learning center » [en ligne]. In Services et ressources. Publié le 23 février 2015 [consulté le 21 mars 2017]. Disponible sur le Web : <http://bit.ly/2ryHu4G>

[7] JOUGUELET, Suzanne. « La notion de learning centre » [en ligne]. In Les learning centres : un modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche. Paris : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, décembre 2009, p. 7 [consulté le 21 mars 2017]. Disponible sur le Web :  <http://bit.ly/2prbMnR>

[8] JOUGUELET, Suzanne. Les learning centres : un modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche [en ligne]. Paris : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 2009, p. 11-12 [consulté le 21 mars 2017]. Disponible sur le Web : <http://bit.ly/2prbMnR>

[9] SERVET, Mathilde. « Les bibliothèques troisième lieu: une nouvelle génération d’établissements culturels » [en ligne]. In Bulletin des bibliothèques de France. 2010 [consulté le 30 janvier 2017]. Disponible sur le Web <http://bit.ly/1ukJJXT>

[10] COCHIN, Florence. « Formation et stage à l’animation : bilan personnel ». In : ALAMI, Safwan, COCHIN, Florence, MERNIER, Pauline, VAN WAYENBERGE, Stéphanie. Formation et stage à l’animation. Bruxelles : Haute-Ecole du Brabant (IESSID), 2016, p. 42