La politique documentaire d’une bibliothèque nationale

Premièrement, la British Library (BL) est responsable du dépôt légal pour tout le territoire britannique, ce qui signifie qu’elle a pour mission de conserver une copie de chaque document paru dans les îles britanniques (Royaume-Uni et Irlande). Les trois autres façons pour la BL d’acquérir des documents sont les dons, les dépôts volontaires et les acquisitions onéreuses.

En plus de cela, en 2012, un nouveau programme d’acquisitions a été voté pour la période de 2013 à 2015 dont la devise est “from stored knowledge to smart knowledge”. En effet, à l’ère de l’e-book et du périodique en ligne, les stratégies d’accroissement des collections d’une bibliothèque nationale doivent évoluer. Le plan d’action de la BL se décline comme suit :

  • Les collections seront principalement développées en termes de disciplines et de sujets. Cette approche sera couplée avec une mise en contact les spécialistes d’un sujet avec les spécialistes d’un format.
  • Le patrimoine culturel du Royaume-Uni est l’élément central des stratégies d’acquisition, bien que la BL continue de se procurer des documents étrangers. En lien avec la place croissante du numérique, cela donne un moissonnage du web afin de réaliser des captures de tous les sites web du domaine .uk.
  • De plus en plus d’acquisitions se feront au format numérique. La BL voudrait arrêter de collecter au format papier les documents pour lesquels un équivalent numérique existe. Ce n’est pas encore le cas pour tous les documents, mais la transition approche, notamment au niveau des périodiques.
  • La BL projette de pouvoir partager de plus en plus de documents numériques en libre accès. C’est déjà le cas pour une partie des documents de recherche et plusieurs projets de numérisation de monographies libres de droits, manuscrits enluminés, etc. sont lancés.
  • La bibliothèque veut inciter son public à participer à l’accroissement des collections (“crowdsourcing”). Ont ainsi été mis en place plusieurs projets dont  “Your accent” où chacun été incité à s’enregistrer en train de parler afin de rendre compte des différents accents anglais aujourd’hui.

Lors de la visite du 24 mai, nous aurons l’occasion d’en apprendre d’avantage sur la politique documentaire de l’institution ainsi que d’explorer l’une ou l’autre section.

Nous pouvons faire une comparaison avec la KBR (Bibliothèque Royale de Belgique) au niveau de sa politique documentaire. Il y a trois manières différentes pour qu’un document arrive à la KBR : l’acquisition, le dépôt légal ou le don.
Pour l’acquisition, il s’agit d’acheter tout ouvrage ou ressource qui traite d’un des thèmes pris en charge par la bibliothèque (sciences humaines en règle général). Cela peut être également les périodiques via des abonnements.

Concernant le dépôt légal, nous pouvons établir un parallèle avec celui de la KBR où toutes publications parues sur le territoire belge ainsi que toutes celles publiées à l’étranger par des auteurs belges doivent être déposées en un seul exemplaire à la section du Dépôt légal depuis le 1er janvier 1966. La section du dépôt légal est chargée de la conservation de ces publications ainsi que de la surveillance de l’exécution de la législation.

Le 1er janvier 2005, il a été rendu possible de déposer des publications électroniques sur le e-Depot de la KBR.

Cependant le 1er avril 2008, quelques modifications ont été apportées à la législation :

  • Les publications non-périodiques à savoir les brochures et les monographies doivent être déposées en deux exemplaires sous peine d’amende.
  • Les publications électroniques sur supports de type disquette, CD, DVD, etc. doivent également être déposées.
  • Le dépôt légal ne donne pas lieu à paiement pour les publications dont le prix de vente dépasse les 280 euros.

En matière de nouvelles politiques documentaire, la Bibliothèque Nationale de France n’est pas en reste. Elle a modifié sa charte documentaire en 2015. En effet, de nombreuses évolutions ont eu lieu telles que : le public et ses pratiques, les espaces de la Bibliothèque, les moyens, la venue du numérique ainsi que l’environnement documentaire. En effet, le numérique est désormais présent par rapport à ce qu’il était dans la charte de 2005. Il est donc présent dans ses enjeux globaux mais est aussi en lien avec les collections physiques. Les collections ont donc subi des changements importants.

La politique documentaire de la BNF, se présente sous la forme de domaines dits interdisciplinaires (un peu à la manière de la CDU) de façon à rendre compte et à préciser les différents types de documents qu’elle exploite. Cette charte s’articule donc en un seul document : le dépôt légal, les acquisitions, et d’autres entrées de documents. Par ailleurs, ces documents peuvent être imprimés, spécialisés, courants ou patrimoniaux.

La charte documentaire vise à présenter les lignes directrices du développement des acquisitions qu’elles soient physiques ou numériques en tenant compte de l’environnement documentaire dans laquelle elle évolue. Cet environnement tient compte de l’évolution des pratiques, des usages et des attentes du public. A noter que la version intégrale de la charte comprend plusieurs parties. Le contexte y est explicité, suivit d’une synthèse sur les évolutions importantes des dernières décennies, les lignes de politique générale pour l’enrichissement des collections patrimoniales et spécialisées, des entrées pour les différents domaines qu’elle comprend (par un ensemble de « fiche-domaine »). Ces fiches ont pour but de présenter les axes de développement des collections.

La Bibliothèque nationale de France se charge de plusieurs missions :

  • Cataloguer, conserver et enrichir dans tous les champs de la connaissance le patrimoine nationale.
  • Gérer le Dépôt Légal.
  • Rassembler et cataloguer des collections françaises et étrangères (de manuscrits, monnaies, médailles, photographies, cartes et plans,…).
  • Assurer l’accès à ses collections et coopérer avec d’autres bibliothèques et centres de recherche et de documentation français et étrangers.

Elle a également des « principes documentaires » :

  • L’encyclopédisme : « …représenter tous les champs du savoir tout en tenant compte des usages par les publics et du développement d’une politique nationale d’accès à l’information scientifique et technique ».
  • La France en tant qu’objet d’étude : elle collecte, signale, conserve et communique des documents publiés, imprimés et importés sur le territoire français.
  • L’ouverture sur le monde : elle regroupe notamment des collections venues d’autres horizons.
  • La dimension temporelle : elle doit être à jour sur son époque et son environnement.
  • Servir de larges publics : elle n’a de cesse de s’ouvrir à d’autres publics, ce qui se concrétise par une politique d’acquisition attentive aux besoins des publics qui ne sont pas  spécialement issus du secteur académique.
  • La complémentarité avec l’environnement documentaire : « Dans le cas particulier du dépôt légal numérique, les bibliothèques partenaires contribuent aussi à la sélection des sites collectés et donnent progressivement accès aux archives de l’internet ».
  • Transition vers le numérique : « La transition vers le numérique est un sujet majeur pour la continuité des collections, dans la mesure où elle concerne la plupart des médias quel que soit leur mode d’entrée ».

Bibliographie

Burgess, Lucie. De l’accumulation des connaissances à l’intelligence des connaissances. Bulletin des bibliothèques de France [en ligne], n° 6, 2013 [consulté le 08 avril 2016]. Disponible sur le Web : <http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2013-06-0054-009>. ISSN 1292-8399.

Bibliothèque Nationale de France, « BnF – La politique documentaire de la BnF », BNF – Bibliothèque nationale de France, février-2016. [En ligne]. [Consulté le: 24-avr-2016].