Le centre Barbican, situé en plein coeur de Londres, est le plus grand complexe multi-arts d’Europe, inauguré en 1982. Outre ses quatre bibliothèques publiques (Main Library, Arts Library, Children’s Library et Music’s Library), il comprend plusieurs salles de cinéma, des salles d’exposition et de concert, trois restaurants, une serre tropicale…
Le centre est la propriété de City of London et représente un don conséquent de la Ville à la Nation. Il abrite de façon permanente les orchestres symphoniques de Londres et de la BBC.
La Children’s Library
La Children’s Library nous a été présentée par Amanda Owens, l’une des deux bibliothécaires jeunesse du Barbican Centre. Outre sa fonction de bibliothécaire au Barbican Centre elle est également responsable de deux autres bibliothèques jeunesse de la City of London Corporation et elle a la charge du projet Book Smart dans la City of London.
La Children’s Library s’adresse à un public d’enfants de 0 à 14 ans, la majorité des usagers est composée d’enfants de moins de cinq ans. Sur le temps de midi, beaucoup de travailleurs des bâtiments environnants (le centre est situé au cœur d’un quartier financier) viennent emprunter des livres pour leurs enfants. En vertu du caractère international de certains de ces travailleurs, les bibliothécaires ont mis en place des animations en langues étrangères (espagnol et français). Cependant, ce public spécifique n’étant présent que de façon temporaire dans la ville, il était difficile de suivre à la trace les langues pratiquées et de fidéliser ce public.
Dans l’optique de fidéliser le public sans le pénaliser, la bibliothèque jeunesse ne fait pas payer d’amende aux lecteurs détenteurs d’une carte enfant (cependant, si des documents sont empruntés de la bibliothèque adulte avec la carte enfant, une amende doit être payée en cas de retard).
Le programme d’activités de la bibliothèque est très chargé et varié, il peut y avoir jusque 10 animations par semaine. Ces animations vont de la traditionnelle heure du conte en passant par l’apprentissage du tricot ou de la programmation jusqu’à la création de film. L’heure du conte (l’équivalent le plus proche de Rhymetime) est très développée puisqu’elle s’adresse à différentes tranches d’âge : de 0 à 18 mois, de 18 à 36 mois et de 3 à 5 ans. Contrairement à l’heure du conte belge, celle-ci laisse une place beaucoup plus importante au chant et comptines. Il existe même une session mensuelle destinée aux pères et leurs enfants (Dads Rhymetime).
Si les activités comme l’heure du conte sont entièrement animées par les bibliothécaires, d’autres s’appuient partiellement ou totalement sur les volontaires. Ainsi, l’apprentissage de la programmation et du tricot sont entièrement animés par des volontaires ; à cause de son succès, le Summer Reading Challenge fait appel à quelques vingt volontaires pour prêter main forte aux bibliothécaires. Détail important, les volontaires du Summer Reading Challenge ont entre 14 et 18 ans et sont souvent d’anciens usagers de la Children’s Library qui profite de ce défi pour acquérir de nouvelles compétences et étoffer leur CV.
Outre les animations organisées par la bibliothèque, pour la bibliothèque, Amanda Owens est également responsable du projet Bookstart pour la City of London. Ce projet a pour objectif de promouvoir la lecture aux enfants et la littéracie en offrant un kit contenant des albums, des brochures informatives et un formulaire d’inscription à la bibliothèque. Les enfants reçoivent un premier kit à leur naissance, et un second à l’âge de trois ans. Cette pratique est similaire à celle de l’ONE où les parents de nouveaux-nés reçoivent aussi un kit.
Enfin, nous méditerons cette observation d’Amanda Owens : si les animations s’adressent à une tranche d’âge particulière d’enfants en bas-âge, ces derniers ne sont pas les seuls à bénéficier des bienfaits d’une activité sociale. Pour beaucoup de parents, c’est une occasion de se rencontrer, d’échanger, et de créer des liens avec leurs enfants et d’autres parents.
La Music’s Library
La Music’s Library nous a été présentée par Richard Jones, bibliothécaire-musicologue qui dirige la section musicale. Contrairement à nos bibliothèques musicales qui sont celles des conservatoires et donc payantes pour le public extérieur, celle-ci fait partie d’une bibliothèque publique, et est donc plus accessible.
La Music’s Library du centre Barbican est l’une des plus grandes du pays. Elle abrite plus de 16 000 partitions, 70 périodiques et 15 000 CD et DVD. Elle accueille également la collection de la Gilbert and Sullivan Society (Gilbert était un librettiste et Sullivan un compositeur de l’époque victorienne. Ils ont écrit de nombreux opéras comiques), ce qui attire un public assez conséquent d’amateurs éclairés et de professionnels.
L’emplacement de la bibliothèque au cœur du centre Barbican est à double-tranchant : si le fait de se trouver au sein de cet immense complexe artistique présente de nombreux avantages, y compris la visibilité et l’accès à un plus large public – attiré par les nombreux événements –, il y a aussi quelques inconvénients, en particulier l’impossibilité de gérer le bruit dans la bibliothèque, le centre ayant été construit avec une optique d’ouverture et d’inter-communicabilité entre les différents niveaux.
Le public principal de cette bibliothèque est composé de travailleurs mais aussi des étudiants venant de Guildhall School of Music and Drama située à côté du centre, de professionnels de la musique ou d’amateurs. Elle est donc très polyvalente. Se trouvant au milieu d’une bibliothèque publique, elle se doit d’avoir des ouvrages accessibles à tous mais, recevant également beaucoup de professionnels ou futurs professionnels dû à la proximité de l’école musicale, elle se doit également de proposer des ouvrages scientifiques.
La Music’s Library garde une grande variété de CD et de DVD à disposition malgré la passage au numérique. Comme susmentionné, le public principal de cette bibliothèque est composé de travailleurs. Ceux-ci, âgés en moyenne de 45 ans, ont vécu avec cette technologie et aime toujours écouter de la musique sur base d’un support CD. Autant la collection de CD est très variée au niveau des genres, en ce qui concerne les DVD, outre les tutoriels instrumentaux, seul le genre classique est exploité, le public ne s’empruntant pas les autres genres.
Cette bibliothèque offre différents services dont la location de piano d’étude. Ils possèdent deux pianos réservables pour une période d’une heure afin d’essayer une partition ou de venir répéter en toute tranquillité. Suite à un accord entre la Guildhall School Music and Drama et la bibliothèque, ces pianos servent également de support aux élèves de l’école, ceux-ci devant prester des cours dans le cadre de leur cursus. La bibliothèque met à disposition des cabines d’écoute afin de pouvoir écouter les différents CD disponibles. Enfin, elle permet l’accès à des bases de données comme Oxford Music Online, qui contient de document scientifiques sur la musique dont le Grove Music Online ; l’International Index to Music Periodicals, qui donne accès à de nombreux articles complets de périodiques et le Naxos Music and Video Library, une plateforme de streaming qui contient tout type de musique.
La valorisation est très importante au sein de la Music’s Library. Les bibliothécaires mettent en place de nombreux événements et font de nombreuses collaborations (notamment la British Health Therapy) afin de mettre en avant leur collection et d’attirer un nouveau public. Ils organisent de nombreuses expositions autour de la musique,la dernière en date concernait la rétrospective Punk organisée dans différentes institutions culturelles londoniennes, et dans de très rares cas autour d’un sujet non musical, comme celle sur la Tour de Londres. En plus de ces expositions, des concerts sont organisés, souvent avec le concours de l’école de musique ou des groupe de passage au centre multi-arts Barbican. Dans la partie consacrée aux CD, la borne d’écoute met à l’honneur des artistes ou compositeurs illustres représentants un mouvement. Des quiz musicaux et des conférences sont également mis en place.
Un autre projet important de la bibliothèque est Unsigned London. Ce projet propose à de jeune groupe de musique, que ce soit des musiciens classiques, jazz, pop ou autres, de déposer leur CD. Celui-ci sera mis en avant dans la zone réserver à ce projet et pourra être louer gratuitement par les membres de la librairie. Les autres CD étant payants, les usagers sont souvent tentés par ces nouveaux artistes.
La Music’s Library est également très présente sur les différents réseaux sociaux afin d’attirer et de fidéliser toutes sortes de publics.
Pour terminer
Que ce soit la Children’s Library ou la Music’s Library, celles-ci aspirent à s’inscrire dans le temps en organisant des projets liés aux événements en cours : si la rétrospective punk a été mentionnée, dans le cadre de la commémoration du 400e anniversaire de la mort de Shakespeare, la Children’s Library a invité une troupe de théâtre qui a revisité tous les classiques du dramaturge en une heure.
Nous avons pu découvrir en la Music’s Library un genre de bibliothèque inexistant en Belgique et nous avons pu apprécié la richesse et la variété des animations proposées dans la Children’s Library. Un grand merci à Richard Jones et Amanda Owens pour leur accueil.