Notre visite de la Maughan Library, située au sein du Strand Campus, un des cinq campus du King’s College London, s’est déroulée ce jeudi 26 mai. Elle a commencé sous le soleil et le regard bienveillant de Confucius.
Accueillis par Monsieur Alan Fricker, Head of NHS Partnership and Liaison, nous avons commencé par le suivre pour une visite guidée de ce superbe bâtiment qui allie harmonieusement le cachet d’une architecture historique et les technologies les plus modernes.
Visite guidée de la bibliothèque
Après les portiques qui filtrent les entrées, nous rencontrons l’accueil où des hôtesses répondent non seulement aux questions que peuvent poser les visiteurs au sujet de la bibliothèque mais aussi qui offre différents services pour la vie quotidienne des étudiants par exemple une aide pour trouver un logement.
À droite du guichet d’accueil se trouvent les automates de prêt et de retour. Derrière ceux-ci a été installée la machine qui trie les livres retournés. Cette étape est très importante parce que la conception du bâtiment ne facilite pas l’accès aux différentes collections. Ce tri préalable permet de gagner beaucoup de temps.
Au rez-de-chaussée, sont aussi disposés, comme au Learning Center de l’Université de Kingston, des casiers qui permettent de délivrer automatiquement des laptops. Des machines pour recharger les cartes de photocopies sont également disponibles.
A chaque étage, on trouve une partie des collections et différentes salles d’études. Celles-ci sont divisées en trois types : silent room, quiet room and group study room. Des salles équipées d’ordinateurs sont aussi mises à la disposition des utilisateurs.
Une ancienne salle contenant les étagères créées à l’origine pour garder les documents administratifs a été gardée à l’identique. Nous pouvons y voir les anciennes étagères ignifuges en fer et plaques de schiste.
Les collections sont en accès libre sauf quelques documents précieux. Certaines collections sont placées dans des compactus.
Nous avons pu constater au cours de notre visite que le service de prévention est très bien organisé. En effet, un incident a été communiqué et aussitôt les membres du personnel responsables de la sécurité ont endossé leur uniforme, prêts à intervenir. Heureusement, cette alerte n’a duré que quelques minutes et nous n’avons pas dû évacuer le bâtiment.
Après la visite, nous nous sommes rendu dans une salle pour écouter les présentations de nos hôtes : Messieurs Alan Fricker et Wayne Peters. Celles-ci ont portés sur les deux sujets ci-dessous.
NHS OpenAthens
La première partie de l’exposé, présenté par Mr Fricker, portait sur l’accès aux ressources électroniques. Les demandes de ressources documentaires introduites dans les bibliothèques du King’s College relèvent, pour 50% d’entre elles du domaine médical. En Angleterre, tout ce qui a trait à la santé est géré par le NHS, National Health Service, dont notre orateur est un des membre. Afin de faciliter l’accès à ces ressources et en collaboration avec les bibliothécaires du King’s College qui se chargent de l’adapter à leur public, le NHS a adopté le système OpenAthens. Il est très simple et très facile à utiliser puisqu’il se présente sous forme d’une clé composée d’un identifiant et d’un mot de passe uniques. Cette clé, qu’il est possible à tout membre du NHS d’obtenir en ligne, leur permet de bénéficier d’un accès distant sécurisé aux contenus Web sous licence des bibliothèques. En outre, NHS OpenAthens permet par l’utilisation de statistiques d’utilisation d’adapter l’offre : soit en faisant de la publicité pour les ressources qui semblent mal connues, soit par exemple en supprimant un abonnement à une revue trop peu utilisée.
La deuxième partie de l’exposé portait sur la gestion des données, ressources électroniques et autres, utilisées tout au long du processus de recherche. De la collecte à l’archivage.
Research data management
Pour Mr Wayne Peters, la gestion des données de recherche couvre l’entièreté du cycle de vie de celle-ci : de la planification de la collecte jusqu’à la préservation à long terme des données utilisées.
Il nous a ainsi présenté une checklist des différentes actions à mener. Tout d’abord, établir un plan. Ensuite vérifier que les données utilisées, et surtout celles publiées, respecteront les lois et seront conformes à l’éthique de l’institution. ll faudra aussi veiller à utiliser des supports et des formats durables, organiser les fichiers et les répertoires ( les nommer, numéroter…). Lorsque des documents sont ajoutés, y joindre les métadonnées, les trier, effectuer un back-up pour les sécuriser. En outre, on veillera à la qualité des sources et à l’aspect déontologique de leur utilisation. Pour la publication, se posera la question du support : dans une revue, un journal, sous forme de page web…Pour terminer il faudra se pencher sur l’aspect conservation à long terme : quelles données conserver, sous quelles formes, quel support choisir ? La question du support est de plus en plus cruciale à l’heure du numérique, lequel sera le plus durable ?
L’augmentation exponentielle des données accessibles sur le web et l’infinie possibilité d’échanges de celles-ci implique de plus en plus qu’elles soient gérées par des spécialistes. Les bénéfices de cette gestion sont les suivants : éviter de publier plusieurs fois les mêmes données, réduire les risques de perte, faciliter la vérification des publications, faciliter le partage des données et augmenter la visibilité des publications.
Ceci offre aux bibliothécaires la possibilité de réengager le dialogue avec les chercheurs. Ils possèdent déjà les compétences, les connaissances et l’expérience qui peuvent être adaptées à la gestion des données.
Des compétences pour collecter, classer, apprendre à utiliser et conserver les documents proposés par la bibliothèque, passer à la gestion des données, beaucoup plus nombreuses, parfois en libre accès et sous forme électronique. Le bibliothécaire ne propose plus une offre “finie” de documents et à la limite le chercheur pourrait se passer de lui. Ce que le passage par les services d’une bibliothèque offre est cependant incontournable : vérification des sources, aide dans la collecte et la gestion des données qui peuvent paraître pléthoriques, connaissance de la législation, des logiciels, abonnements à des bases de données payantes…
La facilité d’accès aux données que donne le web pourrait faire penser que le rôle des bibliothèques devient obsolète. Cela est en partie vrai si l’on s’en tient à la classique collection d’ouvrages mais elles peuvent offrir beaucoup d’autres services aux chercheurs : promotion et diffusion des recherches publiées (organisation de conférences, diffusion par mails, pages web, médias sociaux),point de rencontre et/ou de liaison avec d’autres membres de l’université ( professeurs, gestionnaires de données, administrateurs de la recherche…) offres gratuites d’accès à des ressources payantes, conseils et formations pour les utiliser (e-learning, workshops…), définition de méthodes et offre de moyens pour l’archivage, tenue d’un registre de collections de données de recherche.
Les bibliothèques ne sont certes pas appelées à disparaître mais elles devront relever le défi de la gestion d’une autre forme de sources documentaire, les bases de données électroniques.