Ce mardi 24 mai, nous avons eu l’occasion de visiter la British Library, bibliothèque nationale de Grande-Bretagne. Nous y avons été reçus par l’un des bibliothécaires de la salle de lecture dédiée aux collections africaines et asiatiques que possède la bibliothèque, M. Hedley Sutton, et son collègue, John. La thématique principale qui devait être abordée lors de cette visite était la politique documentaire.
En premier lieu, M. Sutton a retracé brièvement l’historique des collections et du bâtiment. C’est en 1753, alors que Sir Hans Sloane décide de faire don de ses collections personnelles à la nation, que le parlement britannique signe un acte destiné à conserver ces collections, qui aboutit à la création du British Museum. Au fil des ans, d’autres dons de collections privées s’ajoutent à cette première collection.
En 1973, une volonté de regrouper les différentes parties des collections éparpillées en plusieurs endroits du royaume va conduire à la création de la British Library telle qu’elle est aujourd’hui et à la construction de ses bâtiments actuels. Au cœur de la British Library, on trouve une tour vitrée à travers laquelle on peut apercevoir 65 000 volumes de la King’s Library, une collection confiée par le roi Georges III au British Museum en 1820. Autour de cette tour s’articulent 11 salles de lecture, chacune dédiée à un domaine de la connaissance, allant d’environ 90 à 450 places ; une galerie d’expositions ; un département de conservation et 4 étages souterrains de stockage.
Au total, ce n’est pas moins de 150 millions d’items, sous des formats aussi divers que des ossements, manuscrits, cartes, dessins, peintures, journaux, photographies, etc. qui sont conservés entre ces murs. Et ce nombre ne cesse de croître. En effet, les moyens d’expansion sont nombreux : chaque spécialiste linguistique dispose d’un budget afin d’acquérir des documents dans sa langue cible ; les dons ; les échanges de publications éditées dans le pays avec d’autres bibliothèques (notamment celle de Vienne) et enfin, le « copyright », équivalent du dépôt légal en Belgique.
Le « copyright », régi par un acte du parlement, impose à la British Library de poursuivre la mission confiée précédemment au British Museum, à savoir, conserver une copie de chaque publication éditée dans les îles britanniques (incluant la Grande-Bretagne et l’Irlande). Elle n’est pas seule, puisqu’il existe 5 autres bibliothèques de dépôt légal : les bibliothèques nationales d’Ecosse et du Pays de Galles, la Bodleian Library à Oxford, la bibliothèque de l’Université de Cambridge et celle du Trinity College de Dublin.
Considérant le développement croissant du numérique, la British Library a pour projet d’acquérir de plus en plus de documents au format électronique (e-books, bases de données de périodiques, etc.). Le numérique et la volonté de conserver le patrimoine britannique se rejoignent avec le projet d’archivage des sites web du domaine .uk.
La conservation d’archives au sein de ses collections démarque la British Library d’autres bibliothèques nationales. En effet, en plus des archives web, la British Library conserve notamment les archives du gouvernement de l’Inde britannique, qui leur ont été confiées lorsque le pays a pris son indépendance.
Afin de prendre soin de tous ces documents, et d’assurer un confort maximal aux usagers, pas moins de 1500 personnes, dont environ 200 bibliothécaires qualifiés sont employés par la British Library. On compte également un spécialiste pour chacune des 100 langues représentées à la bibliothèque. Ceux-ci s’occupent d’acquérir les documents les plus intéressants dans chaque langue afin d’enrichir les collections.
Quant au public, il est lui aussi nombreux et varié. La bibliothèque a changé sa politique d’accès il y a une dizaine d’année et la bibliothèque est aujourd’hui ouverte à toute personne qui souhaite consulter l’un de ses ouvrages. Deux types d’usagers importants sont les chercheurs académiques et les personnes souhaitant retracer leur histoire familiale. Le premier type de public afflue principalement durant les mois d’été, lorsque les universités sont fermées. L’autre moment d’affluence commence aux environs de Pâques avec les étudiants cherchant un endroit calme et disposant d’une connexion internet pour préparer leurs examens.
Le lien entre le public et les collections passe bien entendu par le catalogue. Les différents items sont inclus dans le catalogue par les équipes de catalographes de la seconde implantation de la British Library située dans le nord de l’Angleterre sur le site de Boston Spa. L’indexation, elle, est effectuée sur base des LCSH (Library of Congress Subject Headings) et sur base de la classification décimale Dewey dans les salles de lecture. L’implantation de Boston Spa conserve également les documents les moins susceptibles d’être consultés.
En plus de toutes ces précisions, M. Sutton et son collègue avaient réuni à notre intention six pièces remarquables de la collection liée à leur salle de lecture. Entre autres, il y avait un registre paroissial d’Inde britannique contenant l’acte de décès de Napoléon Bonaparte, un livre de bord d’un vaisseau britannique contenant un remarquable dessin de combat naval datant d’environ 1755, un registre de missionnaires autrichiens et allemands renvoyés d’Inde aux Pays-Bas lors de la seconde guerre mondiale et plusieurs parutions d’une revue de propagande nazie envoyée à son consulat indien.
Nous avons également eu l’opportunité d’entrer dans la salle de lecture dédiée aux collections africaines et asiatiques et d’y admirer divers portraits. D’un point d’observation en hauteur nous avons également pu observer d’autres salles de lecture sans en déranger les occupants.
La visite a pris fin là où elle avait débuté, dans le hall d’entrée, par une photo du groupe, émerveillé par les documents et le bâtiment découverts et par les personnes rencontrées. Nous tenons particulièrement à remercier M. Sutton, qui a organisé pour nous une incroyable visite sur mesure.