Ce mardi 30 mai, Clément Mouly, responsable documentaire de la délégation Ina NORD, nous a chaleureusement accueillis pour une présentation sur mesure de l’Institut national de l’audiovisuel, en général, et du centre de consultation de Lille, en particulier. Épaulé par Estelle Caron, directrice, il nous a fait découvrir, en même temps que l’histoire et les missions de l’institution, les outils professionnels mis à la disposition des chercheurs. Sa présentation était agrémentée d’images et de sons d’archives sur l’Ina très instructives.
L’histoire commence en 1537…
par la création du dépôt légal par François 1er pour les imprimés, étendu à d’autres supports (photographies, enregistrements sonores) en 1925, au cinéma en 1977 et à l’audiovisuel en 1992.
En 1952, l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) crée sa propre cinémathèque afin de conserver ses archives audiovisuelles en vue de leur réutilisation. A la suite de l’éclatement de l’ORTF, l’Institut national de l’audiovisuel est créé par la loi du 7 août 1974, avec pour mission la conservation des archives de la télévision publique française, la recherche, la production et la formation professionnelle. L’apparition des chaînes privées qui échappent à l’archivage et la volonté politique de conservation patrimoniale vont conduire à la loi sur le dépôt légal de la radio télévision de 1992, dépôt qui est confié à l’Ina. L’intérêt des chercheurs pour ces nouveaux médias, donnant des informations sur ce qu’une société regarde à un moment donné, reflétant la vérité d’une époque, va amener l’Ina à ouvrir l’accès à ses fonds avec la création en 1998 de postes de consultation à la BNF. Suite à cela, les chercheurs ont constaté que la recherche dans cet amas d’archive était difficile, générant beaucoup de bruit documentaire, dès lors l’Ina a instauré diverses méthodes d’analyse et de description, parmi lesquelles le descriptif exhaustif et l’indexation.
La constitution des archives
De 1949 à 1956, à la télévision française, c’est le règne du direct. En 1960, arrivent les premiers enregistrements magnétiques sur des bandes 2 pouces Ampe sur lesquelles on réalise les enregistrement des échanges internationaux, régionaux, retransmissions, directs et débats.C’est la technique du kinéscope, mise au point en 1956, qui va permettre l’enregistrement des directs pour leur archivage, mais la qualité n’est pas encore au rendez-vous. En 1976, c’est le début du parallèle antenne qui permet l’enregistrement magnétique des programmes (journaux télévisés par exemple), cette technique sera utilisée jusqu’en 2001. Les supports évoluent vite : Umatic à partir de 1976, BVU à partir de 1981, Beta à partir de 1991, Betanum (enregistrements numériques) à compter de 2001.
Jusqu’à cette date, les diffuseurs déposent leurs enregistrements à l’Ina. Se pose très vite la problématique de la conservation et du stockage (113 km de rayonnages avant la numérisation !). Depuis 2001, avec l’évolution des supports de stockage, l’Ina capte lui-même l’intégralité des programmes diffusés, 24h/24h et 365 jours/an, sans aucune sélection subjective.
Le nombre de chaînes de télévision va aussi augmenter graduellement avec la création d’abord de 3 chaînes nationales, puis 7 en 1995. L’institut capte depuis 2002, les chaînes du câble et du satellite et de la TNT (plus de 80 chaînes à ce jour) et depuis 2007, les chaînes régionales de France 3, ainsi que 20 stations de radio.
En 2006, le dépôt légal est élargi aux sites internet et l’Ina est chargé d’archiver les sites qui relèvent de l’audiovisuel (13 800 sites sont captés entièrement et quotidiennement). Il s’agit : des sites web des chaînes de télé et radio, des Web Tv et des Web Radios, des contenus édités par les acteurs de l’audiovisuel (accès depuis les plateformes de partage audiovisuelles) et enfin des sites liés aux programmes diffusés par les chaînes (émissions, séries, sites de fans…). La BNF étant chargée des sites concernant l’écrit (presse, édition, auteurs, etc.).
Nous avons pu jeter un œil aux fonds régionaux conservés à Lille (pas dans leur totalité), des centaines de mètres de pellicules, de bandes magnétiques, de cassettes vidéo, de DVD… conservés dans le respect des normes (température, hygrométrie).
Le traitement documentaire
Vu la croissance exponentielle des contenus, les documentalistes de l’Ina ne documentent aujourd’hui qu’une partie des émissions (par exemple, 2 journaux télévisés par jour et sur des chaînes différentes). Grâce à des accords passés avec certaines chaînes, celles-ci leur fournissent des données précises, notamment avec le paratexte qui utilise les informations reprises par les magazines télé dans leurs programmes. En outre, des documentalistes de l’Ina travaillent à demeure dans les chaînes de télévision pour réaliser à la base le traitement documentaire.
En ce qui concerne l’indexation, les terminologies utilisées par les chaînes ne sont pas encore harmonisées avec le thésaurus utilisé en interne à l’Ina dans sa base de données Totem. Nous n’en saurons pas beaucoup plus…
La consultation
Nous ne parlerons pas ici des sites internet, nous vous renvoyons à notre présentation qui vous en donne un bon aperçu.
Nous avons pu découvrir de visu les outils actuels mis à la disposition des chercheurs dans les centres de consultation experte comme celui d’Ina NORD, à savoir Médiacorpus, Hyperbase et Médiascope. Nous aurions aimé pouvoir les explorer par nous-même mais la délégation ne possède que deux stations de lecture audiovisuelle (SLAV) et dans un espace trop restreint pour que notre groupe puisse y entrer… Nos hôtes en avaient déplacé un pour nous les faire découvrir. Les centres de consultation experte offre également un accompagnement documentaire et techniques des chercheurs par les documentalistes de l’Ina. Les SLAV offrent l’accès : aux archives professionnelles (télévision et radio publiques depuis l’origine de ces médias), aux collections dépôt légal (depuis 1er janvier 1995), aux collections partenaires (Autres fonds : théâtre, spectacle vivant, sauvegarde patrimoines nationaux…), aux sources écrites et aux collections web Médias.
Pour offrir l’accès aux publics éloignés des 6 délégations régionales, des Postes de Consultation Multimédias (PCM) ont été installés dans les grandes bibliothèques et médiathèques municipales à rayonnement régional. Ils permettent d’accéder aux bases de données documentaires, aux ressources vidéo et audio sur serveur et aux archives du web. Ces postes n’offrent pas d’accompagnement documentaire., les usagers sont autonomes.
Et dans le futur…
L’institution a comme vocation de fusionner Hyperbase avec son thésaurus « interne » (utilisé sur la base de données Totem) dans le but d’uniformiser l’usage des différents descripteurs pour la recherche documentaire. L’Ina mène actuellement des recherches sur l’indexation automatique qui fera sans doute évoluer le métier de documentaliste vers plus de médiation et de valorisation.
Pour 2019, l’Ina à comme objectif d’implanter 59 points d’accès supplémentaires (des PCM) sur le territoire Français, notamment dans les universités.
De même que, pour 2021, s’achèvera le chantier de numérisation de tout son fonds d’archives débuté en 1999 (voir présentation pour plus d’information).
La présentation s’est terminée par des discussions informelles autour d’un verre, nous avions encore beaucoup de questions à poser à Clément Mouly qui a su nous offrir une présentation instructive mais néanmoins distrayante.