Nous avons, en ce 31 mai, visité le Learning Centre flambant neuf du campus de Lille 1 : LILLIAD – Learning Centre Innovation. Nous avons été reçus par deux professionnelles de l’Infodoc – l’une officie à la cellule communication, l’autre en tant que bibliothécaire de liaison [1]. Comme le Learning Centre n’a été inauguré que très récemment (en novembre), elles n’ont pas encore toutes les données en main pour réaliser une évaluation complète de l’impact du l’implantation de la nouvelle structure.
Nous avons néanmoins reçu beaucoup d’éléments de réponses aux questions que nous nous étions posé dans notre article de présentation de l’institution. Pour rappel, celles-ci étaient : comment l’équipe du Learning Centre répond-elle aux besoins des usagers relatifs à la bibliothèque universitaire ? Et à ceux relatifs au concept de « bibliothèque troisième lieu » ? Quelle importance ont l’agencement du nouveau bâtiment et l’occupation de l’espace au sein de LILLIAD ? Quelles sont les compétences supplémentaires que doivent développer les professionnels de l’Infodoc dans un Learning Centre ?
Notre visite s’est organisée autour des trois pôles qui composent LILLIAD : le pôle événementiel, le pôle bibliothèque et le pôle pédagogique. Ce compte-rendu à pour but de vous les présenter.
Pôle événementiel
Après avoir rencontré Cécile et Anaïs, nos deux guides au bureau d’accueil (commun au trois pôle), nous avons commencé par une présentation générale de LILLIAD avant d’aller voir les différentes salles mises à disposition dans le pôle événementiel. Ces locaux sont ouverts à la société et plus particulièrement aux entreprises désireuses d’organiser des rencontres, des colloques ou autres assemblées générales.
En plus des salles allant d’une capacité de 40 à 300 places et mettant à disposition différents équipements en fonction des besoins, le pôle événementiel propose aussi son hall d’entrée en tant qu’espace d’exposition et de rencontre.
Pôle bibliothèque
A la bibliothèque, le service de prêt et de retour est entièrement automatisé. Aujourd’hui, il suffit à l’usager d’utiliser des automates, ce qui permet au personnel bibliothécaire de se consacrer entièrement aux autres services proposés aux usagers.
Ces autres services sont :
- Le renseignement aux usagers. Sur les différents niveaux du Learning Centre, des postes fixes de renseignement sont disposés. Ce sont des professionnels de l’Infodoc qui s’en occupent. Ces bureaux servent beaucoup aux étudiants pour trouver des salles de travail inoccupées malgré qu’elles aient été réservées. Un sorte de travail en collaboration entre les étudiants et les bibliothécaires s’est installé concernant ce problème. A LILLIAD, certains bibliothécaires sont aussi des « bibliothécaires de liaison » : ils sont la jonction entre le Learning Centre et la vie étudiante concernant un certain domaine de recherche (qui correspond à un des secteurs de la bibliothèque. Anaïs, une de nos guides, était donc la bibliothécaire de liaison en charge du secteur des Sciences exactes. C’est aussi aux bibliothécaires de liaison qu’il incombe de gérer la page web qui traite de leur domaine sur le site de LILLIAD.
- La disposition de l’espace. Le bâtiment est organisé sur plusieurs niveaux : après l’accueil, le premier niveau regroupe le fonds Généralités et les espaces de détente : cafétéria, canapés, quelques Sonic chairs ainsi que les ouvrages tels que les bandes dessinées, la littérature et les DVD de fiction ou les périodiques. C’est au deuxième niveau que nous retrouvons ce que nous pourrions considérer comme la bibliothèque « purement universitaire ». Les savoirs sont organisés en cinq secteurs (recouvrant bien évidemment les Sciences et Technologies) : les Sciences exactes (mathématiques, physique, chimie et astronomie), les Sciences de la Vie (biologie, botanique, zoologie, médecine, paléontologie), les Sciences Humaines (sociologie, éducation, géographie, urbanisme, sciences de la terre), les Sciences Economiques (économie, commerce, droit, administration, services sociaux) et les Sciences appliquées et Gestion (gestion, administration des entreprises, comptabilité, sciences pour l’ingénieur, agronomie, génie civil, informatique). C’est également à ce niveau que les étudiants peuvent occuper des espaces de travail en groupe. Ces espaces sont équipés d’outils technologiques adaptés aux demandes des travaux en coopération (écran central permettant le partage d’écran, projecteurs, tableaux, …). L’un de ces espaces est adapté aux PMR et aux personnes déficientes visuelles. L’occupation de ces salles est organisée via une app, « Affluences », qui permet aussi aux étudiants de connaître depuis chez eux la disponibilité des places assises en bibliothèque. Dans les salles pouvant contenir plus de six personnes, ce sont des séances de tutorat qui sont organisées.
- L’acoustique du bâtiment. Le nouveau bâtiment (ou plutôt la rénovation de l’ancien) qui accueille LILLIAD a été pensé sur plusieurs niveaux, dédiés à plusieurs occupations. Des lieux de vie cohabitent donc avec des lieux d’études, comprenant eux-mêmes des lieux d’études seul ou à plusieurs. L’acoustique et la gestion du bruit ont donc dû être pensées de manière pragmatique. Au premier niveau, les lieux « détente », le bruit est toléré. Au deuxième niveau, dans l’antichambre de la bibliothèque, le bruit est aussi toléré mais dès que l’on passe les portes, c’est le silence qui règne. Les espaces de travail en groupe sont à l’intérieur de la bibliothèque mais complètement insonorisés afin de ne pas déranger les étudiants qui souhaitent travailler sans être dérangés.
- L’adaptation des heures d’ouverture à la vie étudiante. LILLIAD est ouvert de 8 heures à 19 heures (13 heures le samedi) durant l’année scolaire. En période de révision, ces horaires sont élargis.
- Les ressources mises à disposition des usagers. Nous avons appris lors de notre visite que malheureusement, les ouvrages des magasins n’étaient pas encore disponibles. Suite au déménagement récent, l’organisation quant à ces réserves est encore en court. Les professionnels de l’Infodoc réfléchissent à la meilleure façon de rendre opérationnel l’accès aux ressources en dehors des rayonnages.
Pôle pédagogique
Le pôle pédagogique se divise en deux secteurs : l’Xperium et le laboratoire pédagogique.
Le premier est autant un lieu qu’un évènement. Il s’organise par saison et à la fin de sa deuxième saison, le bilan semble être positif (1000 lycéens accueillis entre septembre et janvier). L’Xperium est une façon pour l’université et les chercheurs de présenter de façon interactive les expériences réalisées dans les laboratoires. Sur une saison (deux années), huit expériences mises au point par les étudiants de Master 2 et les chercheurs de l’Université Lille 1 sont présentées à un public de jeunes écoliers. Ces démonstrations, en plus d’être interactive, s’inscrivent dans un schéma ludique et interdisciplinaire. Elles présentent les résultats des recherches actuelles et les applications que l’on peut en faire dans le but de promouvoir la recherche d’une part et de sensibiliser les lycéens aux sciences et techniques d’autre part. Chaque expérience est présentée par un chercheur capable de répondre à toutes les questions qui peuvent se poser. Nous n’avons pas eu l’occasion d’assister à l’une de ces présentations mais selon nos hôtes, l’Xperium est un projet qui fonctionne et qui a fait ses preuves, ce qui est encourageant pour LILLIAD et les chercheurs au vu de l’investissement dans la construction et la mise en place de ces expériences.
Lancé en 2014, l’Xperium à été une avant-première au Learning Centre. Cette saison (2016-2018), le thème porte sur l’innovation que peuvent apporter les sciences et techniques pour un monde durable. Lors de notre visite, nous avons eu l’occasion d’avoir un échange avec un technicien pédagogique du lieu. Celui-ci travaille avec les chercheurs de façon à mettre au point un dispositif et un discours intelligible pour les étudiants en visite. Il n’est effectivement pas facile de transmettre un savoir, même en tant que chercheur dans le domaine et l’un des buts principaux de l’Xperium est bien de permettre la transition des connaissances entre le scientifique et un large public. C’est d’ailleurs dans ce but qu’une bibliographie complète ainsi que des dossiers documentaires autour des expériences présentées sont réalisés.
Avec ce même technicien, nous avons parlé du second secteur du pôle pédagogique de LILLIAD : le laboratoire pédagogique. Celui-ci est un espace dédié à la recherche de pratiques pédagogiques dans le but de les penser, créer, analyser et critiquer avant de les exporter dans le cas ou elles seraient concluantes. N’étant en place que depuis septembre, le laboratoire vient tout juste d’achever sa phase de test, il faut maintenant que les chercheurs analysent les résultats. L’une des questions importantes qui s’est posées est celle de la logistique. Le laboratoire étant accueilli dans la ‘Salle Y’ de LILLIAD, cet endroit permet un réaménagement et une adaptation facile du mobilier, sera-t-il donc possible d’adapter les techniques pédagogiques dans d’autres endroits où la présence logistique est probablement moindre?
Le pôle pédagogique s’emploie donc à promouvoir la transmission du savoir sans passer par la vulgarisation de celui-ci. Chercheurs scientifiques et techniciens pédagogiques travaillent de concert dans ce but et bénéficient d’un lieu adapté à leurs besoins afin de proposer des pratiques pédagogiques concrètes et réalisables. Ce lieu travaille en étroite collaboration avec le département des Sciences de l’Education.
Conclusion
Pour conclure, nous avons demandé aux quatre acteurs du Learning Center avec lesquels nous avons terminé la visite ce qu’ils pensaient de cette évolution de la bibliothèque universitaire. Comme l’a très bien fait remarquer l’ingénieur pédagogique, le terme Learning Centre est très flou et chacun peut mettre ce qu’il veut derrière ce terme. De ce fait, partir du principe qu’une bibliothèque universitaire doit devenir ipso facto un Learning Centre n’a aucun sens s’il n’y a pas une profonde réflexion derrière concernant les publics, les projets et les services qu’on souhaite mettre en place, avec quels moyens et de quelle manière. Par contre, si par mutation en Learning Centre, on entend une modernisation des services de la B.U. traditionnelle, alors oui, celle-ci est indispensable car nous sommes dans un monde qui change et nous – en tant que professionnels de l’Infodoc et employés de B.U. – devons nous adapter pour rester à la page ou nous perdrons notre raison d’être et notre rôle dans la transmission des savoirs des collectivités scientifiques.
[1] Bibliothécaire qui a également une casquette scientifique. Celle qui nous a accueilli s’occupait du rayon astronomie. Cela implique qu’elle s’occupe également de la gestion de la page du site internet dédié à cette discipline.